Publié le 23 mars 2020
NUMÉRIQUE
Aider la recherche à trouver un remède contre le Coronavirus, c’est possible depuis chez soi
Pendant cette période de recherche intense contre l’épidémie de Coronaviurs, il est possible de mettre à disposition la puissance de calcul de votre ordinateur ou de votre console de jeu pour aider à trouver un traitement contre le Covid-19. C’est l’objet du projet Folding@home auquel participe déjà 400 000 personnes dans le monde.

@Stanford
Pour que chacun aide la nation et le monde à passer la terrible pandémie de Coronavirus Covid-19, il y a deux choses à faire. D’une part, rester chez soi, d’autre part participer à l’initiative Folding@Home, littéralement "plier à la maison". Comprendre : plier et déplier des protéines, en particulier celles qui compose le Covid-19, pour trouver des points d’attaque thérapeutique. Pour cela, il vous suffit de mettre à disposition de biologistes la puissance de calcul inutilisée de votre ordinateur.
C’est déjà ce qu’ont fait, à travers le monde, des dizaines de milliers de joueurs, de "mineurs" de bitcoin et d'entreprises. L’idée de "Folding@Home" est de relier des milliers de machine entre elles pour créer un super ordinateur virtuel. "En principe, il n'y a pas de limite à la puissance de calcul que nous pouvons utiliser", assure Greg Bowman. N'importe qui possédant un ordinateur un peu récent, ou même une console de jeu PlayStation, peut contribuer en installant l'application, et choisir quelle recherche ils souhaitent soutenir.
Les Gamers en première ligne
Le fabricant de processeurs et cartes graphiques Nvidia a de son côté appelé les "gamers" à collaborer. Les fans de jeux vidéo sont souvent bien équipés en puissance de calcul, pour avoir un bon rendu audio et visuel. "La réponse a été extraordinaire: des dizaines de milliers de personnes se sont ralliées au projet", s'est félicité Hector Marinez, un porte-parole de Nvidia.
"C'est un remède fantastique contre la sensation d'impuissance qu'on a en ce moment", s'enthousiasme Pedro Valadas, un avocat au Portugal qui coordonne l'un des plus gros contributeurs, une communauté en ligne de 24 000 fans de PC et de jeux vidéo. Plus de 400 000 personnes ont déjà téléchargé l'application de partage de données et de ressources informatiques ces dernières semaines, d'après Greg Bowman, professeur de biochimie et de biophysique moléculaire à la Washington University de Saint-Louis, où le projet est centralisé.
Dans le cas le cas de la crise actuelle, Greg Bowman a confiance dans cette méthode de conception de médicaments via l'informatique, car elle a déjà permis de trouver une cible dans le virus Ebola, et parce que le Covid-19 a une structure similaire au virus du SARS, qui a fait l'objet de nombreuses études. "Si nous trouvons qu'une molécule déjà existante peut se loger dans une (des cibles thérapeutiques), nous pourrons aussitôt l'utiliser" pour concevoir un traitement, explique-t-il.
Tests européens
En parallèle, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a annoncé le lancement du programme européen Discovery et coordonné par la France. Il vise à tester quatre stratégies thérapeutiques sur 3 000 européens malades dont 800 français. "Nous avons analysé les données issues de la littérature scientifique concernant les coronavirus SARS et MERS ainsi que les premières publications sur le SARS-COV2 émanant de la Chine pour aboutir à une liste de molécules antivirales à tester : le remdesivir, le lopinavir en combinaison avec le ritonavir (…) et l’hyroxychloroquine".
Ce dernier médicament est en débat depuis plusieurs jours en France alors que le Pr Raoult, qui dirige l'institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, préconise son recours massif . Les premiers résultats sont attendus d’ici huit à dix semaines.
Ludovic Dupin avec AFP