Publié le 04 mai 2021
NUMÉRIQUE
LVMH, Prada et Cartier créent une plateforme blockchain dédiée au luxe pour plus de transparence et de traçabilité
C'est la "première blockchain de luxe internationale". LVMH, Prada Group et Cartier viennent de créer le consortium Aura Blockchain, ouvert à toutes les marques de luxe qui souhaitent le rejoindre. Le but est d'assurer une meilleure traçabilité des produits, de donner un gage de confiance aux consommateurs mais aussi de lutter contre les contrefaçons.

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C’est une alliance inédite. Trois géants du luxe, LVMH, Prada Group et Cartier s’unissent pour créer la "première blockchain de luxe internationale" destinée à apporter une meilleure traçabilité des produits vendus. "Aura Blockchain Consortium", format numérique sécurisé, donnera au client, grâce à un certificat numérique, un accès direct à l'historique du produit qu'il achète - de sa conception à sa distribution - et à ses certificats d'authenticité.
"Les questions relatives à la traçabilité, à la durabilité et à l’authenticité étant communes à toutes les marques de luxe, l’idée de travailler ensemble pour promouvoir le changement et développer une solution partagée s’est avérée logique aux yeux des concurrents", expliquent les trois groupes de luxe dans un communiqué commun.
Rassurer les consommateurs
Les enseignes Bulgari, Cartier, Hublot, Louis Vuitton et Prada sont déjà actifs sur la plateforme et des "discussions avancées" sont en cours avec d'autres marques des groupes fondateurs mais aussi avec des marques indépendantes. Chaque marque utilise cette plateforme à sa guise et continuera à être pleinement propriétaire et responsable de ses données de traçabilité, tout en adhérant aux règles de confidentialité les plus strictes, empêchant ainsi l'échange d'informations sensibles sur le plan de la concurrence. Les informations inscrites sur la blockchain seront stockées sans possibilités de modification, altération ou piratage.
La blockchain est de plus en plus utilisée dans des secteurs dont les chaines d’approvisionnement sont éclatées et complexes à travers le monde. Depuis quelques années, l’agroalimentaire s’est lancé dans cette démarche. Après plusieurs scandales sanitaires, des matières fécales dans les boulettes de viande Ikea aux lasagnes au cheval chez Findus en passant par les salmonelles dans les produits Lactalis… la blockchain est apparue comme un outil de réassurance des consommateurs. Le secteur de la mode, lui aussi impacté par de multiples scandales, est particulièrement attendu sur ce sujet.
Des chaînes d'approvisionnement opaques
Aujourd’hui, nombre d’enseignes de la fast fashion n’arrivent pas à déclarer avec certitude la source exacte de leurs matériaux ou l’usine de fabrication du vêtement. Les chaines d’approvisionnement sont opaques et ont provoqué une vraie défiance des consommateurs. La dernière en date : les Ouïghours. H&M, Zara, Nike… de nombreuses enseignes ont été accusées de s’approvisionner en coton provenant de camps de travail où la minorité musulmane ouïghoure est persécutée dans la province agricole du Xinjiang en Chine. La blockchain est vue comme un des moyens de retracer cette chaîne en certifiant le respect des droits humains notamment.
"En unissant nos forces avec d'autres marques de luxe sur ce projet, nous ouvrons la voie en matière de transparence et de traçabilité. J'espère que d'autres acteurs prestigieux rejoindront ce consortium", a déclaré dans ce communiqué Toni Belloni, directeur délégué de LVMH, groupe aux "75 maisons".
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP