L’administration américaine a annoncé le 1er octobre qu’elle cessait d’importer des vêtements, de l’or, des diamants et d’autres articles qui auraient été produits avec du travail forcé par des entreprises basées au Brésil, en Chine et en Malaisie, ainsi que de l’or extrait de l’est du Congo et des diamants d’une région au Zimbabwe. Ces marchandises sont bloquées depuis le 1er octobre aux points d’entrée américains aux fins d’enquêtes complémentaires, a indiqué l’agence des douanes.
Bloquer ou collaborer ?
"Quand des informations suffisantes sont disponibles", les douanes "peuvent confisquer des biens soupçonnés d’avoir été produits lors de travaux forcés", a expliqué le ministère américain de la Sécurité intérieure dans un communiqué. Les sociétés sanctionnées sont Bonechar Carvão Ativado Do Brasil au Brésil, Hetian Taida Apparel Co. dans le Xinjiang, en Chine, et WRP Asia Pacific en Malaisie. L’action couvre également l’or extrait dans les petites mines artisanales de l’est du Congo et les diamants bruts des gisements diamantifères de Marange au Zimbabwe.
Une décision qui a crispé les différents pays qui y voient un argument prétexte lié à la politique commerciale protectionniste américaine. Le message envoyé est pourtant autre assure Brenda Smith, responsable des douanes et de la protection des frontières des États-Unis. Il s’agit d’un moyen "par lesquels les Etats-Unis et la Chine peuvent collaborer ensemble est de s’assurer que le travail forcé n’est pas utilisé". Les entreprises peuvent d’ailleurs réexporter les envois retenus si elles fournissent les informations prouvant qu’elles n’ont pas eu recours au travail forcé, a-t-elle assuré.
Les diamants du Zimbabwe, toujours controversés
Mais au Zimbabwe, la décision ne passe pas. La région visée, Marange, a longtemps été connue comme une des régions des "diamants du sang", avec l’exploitation de la pierre précieuse, via le travail forcé, au profit des conflits armés et des meurtres de mineurs artisanaux. Mais les mines sont maintenant exploitées commercialement sous le régime de lois du travail zimbabwéennes qui "n’autorisent par le travail forcé", selon le ministre zimbabwéen de la Justice, Ziyambi Ziyambi. Il y a des "arrières-pensées politiques derrière cette interdiction", estime-t-il Il s’agit d’une "nouvelle excuse pour maintenir les sanctions" qui frappent une centaine d’entreprises étatiques et de personnalités zimbabwéennes, dont l’actuel président Emmerson Mnangagwa depuis 2003, via le processus de Kimberley destiné à stopper l’exploitation des diamants au profits des guerres de la région.
Selon des responsables américains, les sanctions seront maintenues jusqu’à ce que le gouvernement modifie ses lois pour promouvoir les droits humains notamment la liberté d’expression et le droit de manifestation. En mars dernier, l’Union européenne avait aussi pris une décision similaire, malgré la reconnaissance de quelques progrès. Pour plusieurs observateurs, le maintien de ces sanctions visant avant tout le gouvernement pourraient cependant ralentir les efforts du pays à améliorer sa gouvernance et attirer plus d’investissements étrangers.
Béatrice Héraud avec AFP
Publié le 17 octobre 2019
Les États-Unis bloquent l’importation de plusieurs produits (vêtements, or, diamants, etc.) venus de la Chine, du Brésil, de la Malaisie, du Congo ou du Zimbabwe et qui auraient recours au travail des enfants. Une décision qui intervient dans le cadre de tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis et qui est contestée par les pays visés.
Découvrir gratuitement
l'univers Novethic
- 2 newsletters hebdomadaires
- Alertes quotidiennes
- Etudes