Publié le 12 juin 2020
GOUVERNANCE D'ENTREPRISE
Après Rio Tinto, BHP autorisé à détruire des sites aborigènes historiques en Australie
Le géant minier BHP vient de recevoir l'autorisation de détruire 40 sites aborigènes pour étendre une mine de fer dans l’État d’Australie-occidentale. Une annonce qui survient quelques jours seulement après la destruction de deux grottes aborigènes vieilles de 46 000 ans par l'autre géant Rio Tinto.

Puutu Kunti Kurrama et Pinikura Aboriginal Corporation
C’est un nouveau coup porté au patrimoine culturel australien. Le 27 mai, pour agrandir une mine de fer, l’entreprise minière Rio Tinto a fait sauter deux grottes aborigènes vieilles de 46 000 ans, provoquant l’émoi d’une partie de la population. Cette fois c’est le géant BHP qui prend le relais. L’entreprise a reçu le feu vert de Ben Wyatt, le ministre des Affaires aborigènes de l’État d’Australie-occidentale de détruire 40 sites aborigènes.
BHP avait déposé une demande de destruction de ces sites dans le cadre de l'expansion de la mine de fer de South Flank, dans la région de Pilbara. Cette mine se situe sur les terres traditionnelles du peuple Banjima, dont les représentants avaient en 2015 conclut un accord pour l'exploitation de cette zone. Celui-ci impliquait la protection de 72 sites de grande importance culturelle et des compensations financières pour la population Banjima.
Intégrer les aborigènes dans les négociations
Celle-ci n'a pas déposé de recours contre la dernière demande de BHP. Mais en vertu des lois de l'Etat, l'accord de 2015 fait qu'elle n'est pas impliquée dans le processus d'approbation gouvernemental. Ben Wyatt, qui est lui-même aborigène, a dit qu'il travaillait à une réforme des lois sur le patrimoine afin que les groupes miniers négocient directement avec les populations aborigènes concernant l'impact de leurs projets industriels.
"Je crois fermement au droit à l'autodétermination des aborigènes et soutiens les groupes indigènes qui utilisent leurs droits chèrement acquis pour nouer des accords commerciaux avec les groupes qui exploitent les terres", a-t-il ajouté. Il a dit avoir demandé à BHP de travailler avec les populations locales pour minimiser l'impact sur un site identifié comme ayant une grande importance culturelle pour le peuple Banjima.
Le fer, ressource la plus exportée par l'Australie
BHP n'a pas répondu aux questions de l'AFP. Mais le Sydney Morning Herald rapporte jeudi que le groupe minier compte suspendre son expansion dans l'attente d'une expertise scientifique et de consultations avec la population locale.
Le minerai de fer est la ressource la plus exportée par l'Australie. Elle a rapporté 77 milliards de dollars australiens (47 milliards d'euros) l'année dernière. L'essentiel provient de la région très peu peuplée de Pilbara, dont une grande partie des terres est la propriété des populations aborigènes. Une manifestation a notamment eu lieu cette semaine devant les bureaux de Rio Tinto à Perth (ouest) pour dénoncer les destructions de sites aborigènes.
La rédaction avec AFP