Publié le 01 mai 2020
ENVIRONNEMENT
Après l’annulation de la "Montagne d'or", un nouveau projet minier géant apparaît en Guyane
La commission départementale des mines de Guyane a donné un avis largement favorable aux prémices d'un nouveau projet de mine d'or de taille industrielle, "Espérance", co-porté en Guyane par la compagnie minière américaine Newmont. Un nouveau débat s’ouvre dans le département français alors que le gouvernement avait renoncé au projet historique Montagne d’or, en mai dernier.

@Newmont-Mining-Corporation
La commission, qui se réunissait sous forme dématérialisée pour cause de confinement, a voté en faveur du renouvellement "pour 10 ans" de la concession minière située dans l'ouest de la Guyane, et de son extension. Le projet est porté par Newmont associé à un opérateur local, la compagnie minière Espérance (CME). Déjà présent au Suriname sur la mine Merian, Newmont envisage l'ouverture d'une mine d'or à ciel ouvert en 2025 dans la commune d'Apatou.
Ce projet est relativement similaire à celui de la "Montagne d'or" porté par Nordgold-Columbus Gold, auquel le gouvernement a renoncé en mai dernier à l’occasion du premier conseil de défense écologique. La mine de Newmont, envisagée en pleine forêt près d'un village du Maroni, nécessiterait une usine à cyanuration et l'extraction de "20 millions de m3 de roches" pour creuser une fosse de 300 mètres de profondeur, sur 1,5 km de longueur pour un premier gisement de "65 tonnes" d'or, selon les documents de l'opérateur.
Encore beaucoup de procédures
"Les perspectives d'exploitation sont encore incertaines", note la Direction générale des territoires et de la mer de Guyane dans un rapport consulté par l'AFP, précisant que "le ministre en charge des mines", Bruno Le Maire, s'est prononcé en faveur du partenariat Newmont-CME. Les demandes cumulées en titres miniers de ce partenariat, en cours d'instruction, représentent l'équivalent de 2,5 fois la superficie de Marseille.
"On a beau dire que le dossier minier ne répond pas à la réglementation minière et au code de l'environnement qui sont des préalables au renouvellement de la concession, la commission a voté en faveur du dossier Espérance", a indiqué l'association Guyane nature environnement à l'AFP à l'issue de la commission départementale.
C'est le conseil d'État qui tranchera sur ce dossier par décret dans les prochains mois. En cas de feu vert, les miniers seront ensuite "dans l'obligation" de demander une "autorisation administrative" avant toute exploitation, a indiqué mercredi par communiqué la préfecture de Guyane. "L'avis de l'autorité environnementale" et une "enquête publique" seront alors nécessaires, de même source.
La Rédaction avec AFP
La compagnie minière Espérance souhaite insérer le droit de réponse suivant :
Cet article appelle les observations suivantes de la part de la Compagnie minière Espérance (CME) :
- Entre 1991 et 2012, la CME a mené des travaux de recherche et d’exploitation sur la mine Espérance dans le cadre d’un permis d’exploitation intégrant les travaux miniers (PEX) octroyé avant le décret du 6 mars 2001, ce dont il résulte que la CME n’avait pas à solliciter d’autorisation d’ouverture de travaux miniers (AOTM) ;
- Dans le cadre de sa demande d’octroi d’une concession sur cette mine, la CME a, en 2009 et 2010, formé des demandes d’autorisation de travaux miniers (AOTM) et d’exploiter des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) qui n’ont pas été instruites ;
- Pour cette raison notamment, la CME a cessé l’essentiel de ses travaux d’exploitation sur la mine Espérance depuis 2010 et elle conduit depuis lors des travaux d’exploration des gisements miniers situés sur certaines zones de la concession et du permis exclusif de recherche (PER). Conformément à la réglementation applicable, ces recherches ont fait l’objet de déclarations d’ouverture de travaux miniers (DOTM) pour lesquelles des certificats de non-opposition ont été délivrés ;
- Depuis 2008, la CME conduit sur les autres zones du site différents travaux de gestion des eaux, de réhabilitation et de revégétalisation conformément à des protocoles de remise en état. Ont notamment été accomplis des travaux de fertilisations des sols par l’utilisation d’espèces arborées fixatrice d’azote, de lutte contre l’érosion à l’aide de graminées et de stabilisation des terrains grâce aux techniques du génie végétal ;
- La demande de renouvellement et d’extension de la concession Espérance est conforme à la réglementation minière et de l’environnement ;
- Dans le cadre de ses travaux de recherche, la CME a mis en évidence la présence potentielle d’un gisement minier de classe mondiale, ce qui a conduit à un partenariat avec l’entreprise Newmont ;
- Ce projet de mine primaire dit "Espérance" pourra avoir de formidables retombées économiques et sociales pour la Guyane. En effet, il devrait permettre de faire émerger une industrie minière exemplaire, de créer de nouveaux emplois et de participer au développement d’infrastructures respectueuses de l’environnement ;
- Le périmètre d’exploitation du projet sera bien inférieur à celui de la surface de Marseille et les habitations sont très éloignées de la concession."