Publié le 19 octobre 2023
ENVIRONNEMENT
Pollution plastique : l’Union européenne veut éviter le rejet de 500 000 tonnes de microparticules
Il sera bientôt impossible d’acheter des paillettes libres ou des produits contenant des microbilles. Une mesure de la Commission européenne, entrée en vigueur le 17 octobre, interdit la vente de ces microparticules de plastique et prévoit le retrait progressif de tous les produits en contenant d’ici 12 ans. L’objectif, lutter contre cette source de pollution, dangereuse pour la faune et la santé humaine.

Unsplash
Les paillettes dans nos vies, c’est fini, et c’est une bonne nouvelle pour la planète. Depuis le mardi 17 octobre, la vente des paillettes libres est progressivement interdite dans tous les rayons de l’Union européenne. Cela fait suite à l’adoption le 25 septembre dernier de nouvelles règles par la Commission européenne visant à proscrire l’usage des microplastiques dans les produits de grande consommation.
Le but, réduire la pollution plastique en évitant le rejet dans l’environnement de "toutes les particules de polymères synthétiques de moins de 5 millimètres organiques, insolubles et résistants à la dégradation", précise l’institution. Cela concerne donc les paillettes, majoritairement composées de plastique et d’aluminium, mais aussi les microbilles libres qui interviennent dans la composition de produits cosmétiques comme les gommages. Ces dernières sont par ailleurs interdites en France depuis 2018, notamment dans les exfoliants et nettoyants à rincer.
12 ans de délais pour les cosmétiques
"Cette restriction contribue à la transition écologique des industries de l’UE et promeut des produits innovants sans microplastiques — des cosmétiques aux détergents sans oublier les surfaces sportives", souligne dans un communiqué Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur. Car de nombreux produits seront graduellement concernés par l’interdiction des microplastiques, selon des échéances variables, afin de laisser le temps aux industriels d’adapter leurs formulations. Cinq ans sont ainsi accordés pour les détergents, huit ans pour les granulés de remplissage utilisés sur les surfaces de sport artificielles et douze ans pour le maquillage et les produits cosmétiques.
Un délais "démesurément long", estime la fondation Surfrider, qui reconnait néanmoins "un signal fort envoyé aux entreprises pour qu’elles prennent enfin leurs responsabilités." Certains acteurs du secteur ont d’ailleurs devancé la règlementation en proposant par exemple des paillettes biodégradables. Prudence tout de même : ces particules composées de cellulose régénérée ou de mica, un minéral, pourraient elles aussi "avoir des effets écologiques sur les écosystèmes aquatiques" selon un rapport publié par des chercheurs de l’université de Cambridge en 2021.
Réduire la pollution plastique de 30% d'ici 2030
Les microplastiques sont une source importante de pollution, venant s’ajouter à celle issue de la mauvaise gestion des déchets plastiques. En raison de leur petite taille, ils échappent aux systèmes de filtration et peuvent se retrouver dans l’environnement, contaminant l’eau, la faune et même la pluie. La présence de microparticules plastiques a été décelée aux quatre coins de la planète, de la banquise aux glaciers. D’après une étude dévoilée en 2021, 24 400 milliards de microfragments contamineraient ainsi les océans. Dans le cas des cosmétiques, ils peuvent même être directement ingérés ou absorbés par la peau, menaçant la santé humaine.
Avec cette nouvelle réglementation, la Commission européenne espère ainsi éviter "le rejet dans l’environnement d’un demi-million de tonnes de microplastiques." Elle vient compléter son plan d’action "zéro pollution" qui ambitionne de réduire de 30% la pollution engendrée par les microplastiques d’ici 2030. En parallèle, la Commission a annoncé lundi 16 octobre des propositions ciblant cette fois-ci les granulés de plastiques.
Si Bruxelles s'attaque à la pollution plastique, elle n'a en revanche pas mis à l'ordre de son programme de travail des prochains mois la très attendue révision du règlement Reach sur les substances chimiques. Annoncé au début du mandat de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et déjà reporté plusieurs fois, le texte fait l'objet d'un intense lobbying de la part des industriels. Il est aussi au centre de tractations politiques à quelques mois des élections européennes.