Publié le 11 mars 2020
ENVIRONNEMENT
Contre les microplastiques, les fabricants devront équiper les machines à laver de filtres d’ici 2025
Lors du lavage, les vêtements fabriqués avec des fibres synthétiques libèrent des microparticules de plastiques qui se déversent dans les océans. Pour y remédier, une nouvelle mesure émanant de la loi économie circulaire oblige les fabricants de machines à laver de les doter d'un filtre d'ici 2025. Une "première mondiale", selon la ministre Brune Poirson.

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L’industrie textile est très polluante et le grand public l’a désormais intégré. Mais le lavage des vêtements -particulièrement des fibres synthétiques comme le polyester - qui libère des tonnes de microparticules de plastique, est lui largement sous-médiatisé. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les microplastiques représenteraient entre 15 % et près du tiers des 9,5 millions de tonnes de plastiques déversées chaque année en mer.
Pour y remédier, la France, grâce à une mesure parue dans la loi économie circulaire, oblige, à compter du 1er janvier 2025, les fabricants à équiper les lave-linge neuf d’un filtre destiné à empêcher le passage dans les eaux usées de ces fibres de plastique microscopiques.
C’est une 1ère mondiale ! D’ici fin 2024, les lave-linges seront équipés de filtres à microparticules pour protéger notre environnement et nos océans.
J’ai réuni fabriquants, porteurs de solutions et ONG pour travailler dès maintenant à l’application de la #LoiAntiGaspillage. pic.twitter.com/S7WI1lOsrE— Brune Poirson (@brunepoirson) February 17, 2020
"Est-ce que c'est faisable ? La réponse est oui, parce que nous n'avons pas le choix", a souligné la secrétaire d'État à la Transition écologique Brune Poirson à l'issue d'une table ronde où elle réunissait les constructeurs de machines à laver, des "innovateurs" qui travaillent sur des solutions de filtres, des ONG et des associations de consommateurs. "C'est un défi très difficile (...) cela ne se fera pas du jour au lendemain", a réagi la ministre.
"Cela demande un grand travail de la part des fabricants" notamment "des changements technologiques", a reconnu Brune Poirson. Mais "il faut qu'on agisse", a martelé la secrétaire d'État, qui veut maintenant porter le dossier au niveau européen "pour faire en sorte que cette mesure ne soit pas qu'une mesure française".
La filière textile doit également s'engager
Du côté des fabricants, cette première réunion est jugée "constructive" car elle a "permis de soulever de nombreuses questions économiques, techniques et d'utilisation", selon une déclaration de leur fédération professionnelle (Gifam) transmise à l'AFP. Les constructeurs s'engagent à "tout mettre en œuvre (...) pour trouver des solutions efficaces" en vue de "réduire la pollution plastique". Mais ils insistent pour que les pouvoirs publics garantissent "une concurrence saine entre les acteurs" et appellent eux aussi de leurs vœux une mesure à l'échelle européenne.
"Nous devrions être optimistes", a assuré de son côté Mojca Zupan, directrice générale de la startup Planet Care, qui a développé des filtres à microplastiques pour machines à laver. "Nous avons une solution, qui est prête. Nous l'avons lancée en septembre dernier et nous en avons vendu 500 environ", a-t-elle expliqué, en présentant un filtre extérieur qui se branche à la sortie du lave-linge. Une technologie adaptable à l'intérieur d'une machine à laver, affirme la responsable de Planet Care. Reste que le problème doit être réglé en amont par la filière textile. La ministre assure qu’elle a engagé la discussion avec les fabricants et distributeurs de vêtements.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP