Publié le 26 avril 2020
ENVIRONNEMENT
[Bonne nouvelle] Le confinement met la pollution sonore en sourdine
Ce sont des bruits qu'on avait presque oublié tant ils étaient relégués à l'arrière-plan, cachés par le brouhaha des voitures, des trains, des marteaux-piqueurs et des avions. Aujourd'hui, les Parisiens et Franciliens entendent à nouveau clairement le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles. Et pour cause, dans certaines parties de la capitale, la pollution sonore a dégringolé de 90 % selon Bruitparif.

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Ce sont des petites choses qui ont mis la puce à l’oreille des Parisiens. Des chants d’oiseaux qu’ils n’entendaient plus, le bruit des feuilles d’arbres bougeant avec le vent, celui des pas des quelques passants dans la rue. Avec le confinement, les habitants ont redécouvert l’ambiance sonore de leur quartier… et de la nature. Et pour cause, en Île-de-France, la pollution sonore a drastiquement baissé. Bruitparif, l’organisme chargé de surveiller la pollution sonore dans la région, a enregistré une chute de près de 90 % du niveau du bruit dans certains endroits de la capitale.
Il faut dire que le confinement a mis un sérieux coup d’arrêt aux émissions sonores liées à l’activité humaine. Moins de voiture, moins d’avions, moins de trains, moins de chantiers de construction… La capitale est devenue inhabituellement calme. Et les Parisiens ne sont pas les seuls à profiter de ce répit sonore. "Les personnes habitant près des aéroports ne subissent pratiquement plus de survols d’aéronefs du fait du très fort ralentissement de l’activité aéroportuaire qui s’est encore accentué au cours de la seconde semaine de confinement", explique Bruitparif.
Un bienfait pour les oiseaux
Si l’Île-de-France est la région la plus touchée par cette baisse de son, c’est en raison de sa densité de population et d’une activité particulièrement forte liée au trafic aérien, routier et ferroviaire. Mais dans plusieurs autres grandes villes, les habitants témoignent, avec enthousiasme, de ce calme. "La biophonie, l'ensemble des sons dus aux êtres vivants, semble avoir pris le pas sur l'antropophonie, l'ensemble des sons liés aux activités humaines", explique à Actu Environnement, Jérôme Sueur, maître de conférences au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN).
Et cette baisse de la pollution sonore a également des conséquences sur les oiseaux, explique le spécialiste. "Les oiseaux communiquent avec le son. On leur enlève un facteur perturbant, un facteur de stress. L'oiseau peut chanter moins fort ou moins longtemps, et donc dépenser moins d'énergie. On peut penser qu'un cadre sonore dépollué de l'antropophonie puisse augmenter la survie des animaux chanteurs, faciliter leur reproduction et, globalement, que cela induise des environnements naturels en meilleur état. Des effets potentiels qu'il faudra mesurer dans les mois qui suivront la fin du confinement", avance-t-il.
De manière globale, le confinement a eu un effet particulier sur la biodiversité. À Paris, la préfecture de police a dû escorter des canards en plein périphérique. Au Brésil, 97 bébés tortues d’une espèce en voie d’extinction sont nés sur les plages habituellement bondées. À Marseille, deux rorquals ont été également été observés au large des calanques.
Marina Fabre, @fabre_marina