Publié le 03 février 2023
ENVIRONNEMENT
Licenciements : Back Market, une entreprise (à mission) comme les autres
Back Market taille dans ses effectifs. 13% des salariés vont quitter l'entreprise après une période d'hypercroissance. La jeune société, dont la valorisation avait explosé ces dernières années et qui avait adopté le statut d'entreprise à mission en 2022, doit redescendre sur Terre. Pour ce champion du reconditionné, la viabilité économique conditionne la réussite de son combat contre le neuf et passe donc en priorité. L'entreprise reste consciente d'être un symbole et doit répondre à certaines critiques.

@Ali Abdul Rahman / Unsplash
Une entreprise à mission peut-elle s'extirper des montagnes russes de l'évolution des marchés ? La société Back Market, spécialisée dans la vente en ligne de matériel hi-tech reconditionné, se retrouve prise dans le retournement de la conjoncture économique. La start-up la plus valorisée de France taille dans ses effectifs après une période d'hypercroissance. 26 salariés ont déjà quitté les bureaux de Barcelone, Berlin et New York. Au total, 13% des salariés vont devoir partir, dont 67 dans l'hexagone à travers un plan de départ volontaire.
La jeune licorne avait pourtant doublé ses effectifs entre 2020 et 2022 et sa valeur grimpait à 5,1 milliards d'euros en janvier 2022. Suède, Japon, Portugal, Corée du Sud... De nouveaux pays ont été investis car la demande explosait pendant la pandémie de Covid-19, propice aux achats en ligne. Mais l'euphorie a pris fin. Back Market suit le sillage d'Amazon et Microsoft qui rétropédalent, eux-aussi, face à la poussée de l'inflation et la perspective d'une récession.
"Nous voulons atteindre la rentabilité"
"C'est un acte de prudence, nous voulons sécuriser notre existence d'ici trois ans", explique à Novethic Marine Libaud, responsable de la communication de Back Market, pour justifier le plan de départ. "Nous allons continuer de grandir mais il ne s'agira plus d'hyper-croissance. Après des années où tous les bénéfices étaient réinvestis, nous voulons à présent atteindre la rentabilité", poursuit-elle. Selon Back Market, les actionnaires n'ont pas pesé dans cette nouvelle stratégie.
Back Market a adopté l'année dernière le statut de société à mission, créé par la loi Pacte, et fait partie de la Communauté des entreprises à mission. Elle s'est fixé pour objectif de "donner à tous les humains le pouvoir de faire durer les machines par la circularité et la réparation". Pour compléter les missions environnementales, l'entreprise prône aussi "la bienveillance et l'engagement dans la culture d'entreprise".
Selon Back Market, réussite économique et poursuite de la mission se confondent. "Nous voulons montrer qu'une société à mission peut gagner de l'argent. La durabilité est au cœur de notre modèle, chaque téléphone reconditionné que nous vendons est un achat neuf évité", argumente Marine Libaud. La société veut continuer son "combat contre le neuf" en consolidant ses acquis, à savoir le site internet de vente décliné pour une quinzaine de pays et le suivi de la qualité des fournisseurs, près de 1700 actuellement. Reste une priorité de développement : les États-Unis. "Là-bas, il faut sensibiliser à l'achat d'occasion", souligne Marine Libaud.
Back Market essuie certaines critiques
Certains aspects de l'entreprise essuient de critiques. Back Market ne favorise pas spécialement l'insertion professionnelle contrairement à d'autres structures, comme le réseau Envie. Ces dernières peuvent toutefois candidater pour vendre sur le site Back Market. Ensuite, la socété est un intermédiaire entre les clients et les reconditionneurs. Le fait que des vendeurs étrangers soient mis en avant est parfois jugé incohérent par rapport à l'objectif environnemental.
"Il ne faut pas diaboliser les marketplaces, nous avons le même combat contre le neuf que d'autres structures. Notre spécialité est de passer à l'échelle supérieure et de rendre le reconditionné accessible au plus de monde possible", rétorque Marine Libaud.
"Nous devons être exemplaires", concède à Novethic Camille Richard, responsable du développement durable chez Back Market et consciente du symbole. Le licenciement se poursuit mais "les objectifs environnementaux sont maintenus" précise-t-elle. Back Market recalcule son plan de décarbonation pour s'inscrire dans une trajectoire limitant le réchauffement à 1,5°C et en accord avec l'initiative Science-based targets. Également, l'entreprise prévoit d'afficher les émissions de CO2 associées aux modes de livraison.