Publié le 31 juillet 2020
ENVIRONNEMENT
[Tour du monde de l’adaptation] Face à la montée des eaux, la Croatie tente de garder son attractivité touristique à flot
Cet été, Novethic vous propose un tour du monde un peu particulier afin d’aller voir comment certaines régions s’organisent pour faire face aux premiers impacts du changement climatique. C’est ce qu’on appelle l’adaptation, dans le jargon diplomatique onusien. Aujourd’hui, voyage sur la côte Adriatique, à Sibenik. L’une des plus anciennes villes de Croatie, au sud du pays, est menacée par la montée des eaux.

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Au large de la mer Adriatique et de ses reflets turquoises, la cathédrale Saint-Jacques se dresse au cœur de la ville de Sibenik, l’une des plus anciennes de Croatie. Classé au patrimoine de l’Unesco depuis 2000, l’édifice du XVIe siècle pourrait bien être déplacé en raison de la montée du niveau des océans sous l’effet du changement climatique. Et avec lui des centaines de milliers de personnes. Selon l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), la Croatie figure en effet parmi les quatre pays européens les plus impactés par les conditions climatiques extrêmes.
Et Sibenik n’y échappe pas. Avec le développement du tourisme, sa population côtière et les projets de construction ne cessent d'augmenter. Une pression anthropique qui, couplée au changement climatique, ont vu se multiplier les inondations, les événements météorologiques extrêmes, les incendies de forêt et la pénurie d’eau en été. Précurseur en Croatie, le comté s’est doté en 2016 d’un plan côtier afin de renforcer la résilience du territoire : meilleur aménagement du trait de côte et des implantations touristiques, mécanismes d’alerte des feux de forêts, utilisation rationnelle de l’eau, construction de digues…
De nombreux sites classés à l’Unesco en danger
"Finalement, le cas de la Croatie est assez caractéristique de ce qui attend les zones côtières impactées par le changement climatique", analyse Guillaume Simonet, chercheur indépendant et consultant sur l’adaptation. "Ce qui est intéressant c’est que le comté a développé une gestion intégrée des ressources, en entrecroisant les enjeux de façon systémique, afin que ce soit gagnant-gagnant à tous les niveaux" ajoute-t-il.
Selon une étude parue dans Nature Communications en 2018, 47 des 49 sites classés au Patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco sur les côtes de la Méditerranée seraient menacés par le changement climatique. Venise, Arles (seul site français touché), la casbah d'Alger, la cité médiévale de Rhodes, Syracuse, Pompéi ou encore la cité d'Éphèse : au rythme actuel, la plupart de ces sites n'existeront plus à l'horizon 2100. Les experts estiment que les inondations auront d’ici là augmenté de 50 % et l'érosion de 13 %.
Concepcion Alvarez @conce1
Cette série est réalisée en collaboration avec Climate Chance qui a publié, en 2019, un cahier spécial sur le bilan des actions d'adaptation à travers le monde d'où sont tirés les exemples développés.