Publié le 23 janvier 2019
ENVIRONNEMENT
Record de jets privés à Davos alors que les dirigeants veulent endiguer le réchauffement climatique
Bad buzz à Davos. Alors que la priorité numéro 1 du Forum économique mondial cette année est la lutte contre le changement climatique, un nouveau record vient brouiller le message. Celui du nombre de jets privés utilisés pour se rendre à Davos, 11 % de plus que l'année derrière, soit 1 500. Un paradoxe qui fait polémique.

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C’est un record dont le Forum économique mondial de Davos (Suisse) se serait bien passé. Selon les estimations d’Air Charter Service, les dirigeants et patrons du monde n’ont jamais autant pris de jets privés pour se réunir à Davos. Cette année plus de 1 500 vols privés ont été enregistrés, c’est 11 % de plus que l’année dernière.
"Il semble y avoir une tendance vers des avions plus gros et plus chers", a indiqué au journal britannique The Guardian Andy Christie, directeur des jets privés à l’ACS. Deux raisons sont évoquées, d’abord les longues distances parcourues "mais aussi probablement à cause du fait que les entreprises rivales ne veulent pas être perçues comme surpassées les unes par les autres".
Le climat, priorité numéro 1 de Davos
Un record d’autant plus critiquable que cette année, comme en 2018, le changement climatique est censé être la priorité numéro 1 du Forum économique mondial. C’est en tout cas ce qu’affirme un rapport sur les risques mondiaux, publié mercredi 16 janvier.
"2018 a malheureusement été une année historique en matière de feux de forêts, d’inondations et d’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Il n’est pas surprenant qu’en 2019, les risques environnementaux dominent à nouveau la liste des principales préoccupations", a déclaré Alison Martin, du Zurich Insurance Group, partenaire du rapport.
Le "double discours" des élites
Pour leur défense, les organisateurs de ce 49e Forum ont rappelé que l’évènement et les émissions générées par le transport aérien seraient compensés via des initiatives en faveur de l’environnement. Mais c’est plus largement le "double discours" des dirigeants politiques et des patrons que dénoncent les ONG.
Pour faire "une véritable différence" selon Jennifer Morgan de Greenpeace, les organisateurs du Forum devraient rassembler autour d’une table les acteurs clés, du secteur énergétique par exemple, et leur demande "comment on sort du carbone. Cela ne s’est jamais fait ici. C’est au mieux une occasion manquée, au pire une manière d’éviter de prendre ses responsabilités pour les dégâts causés à la planète".
Marina Fabre @fabre_marina avec AFP