Publié le 26 juillet 2021
ENVIRONNEMENT
Nouvel activisme climatique : L'écosyndicalisme se déploie en France pour transformer les entreprises de l'intérieur
Printemps écologique. C'est le nom du premier écosyndicat français, lancé l'année dernière, qui est désormais implanté dans 10 secteurs clés. De la sensibilisation en passant par la réduction du temps de travail jusqu'à repenser le business model de son entreprise au prisme de l'urgence climatique, le Printemps écologique bouscule les codes du syndicalisme. Toute la semaine, Novethic explore les nouvelles formes d'activisme climatique qui prennent de l'ampleur en France.

Printemps écologique
Les citoyens engagés sont aussi des salariés et les entreprises commencent à le comprendre. Alors que les jeunes défilent dans la rue, que les étudiants de grandes écoles forment des associations comme le Réveil écologique pour faire pression sur leurs futurs employeurs, les salariés, déjà en poste, mènent, en interne, un combat climatique et social. La création de la fédération d’écosyndicats le Printemps écologique (PE), en février 2020, est un signe de ce changement.
"Les nouvelles générations ne veulent plus seulement qu’on parle de leurs conditions de travail mais aussi de l’urgence climatique, des nouveaux modes de travail, des conséquences de leur travail sur la planète…", expliquait Maxime Blondeau, cofondateur de l’écosyndicat au lancement du projet. Depuis, le Printemps écologique s’est étendu. Contrairement aux syndicats traditionnels, PE a choisi de s’implanter dans des secteurs. L’écosyndicat en a répertorié 21 de la culture en passant par la construction et les transports. Pour l’instant, PE est représenté dans 10 secteurs : la métallurgie et sidérurgie, l’éducation nationale ou encore les banques et établissements financiers et assurances.
De la sensibilisation au changement de business model
Adrien Gaillard, consultant en cybersécurité, a cofondé un écosyndicat dans le secteur "Services Conseil Étude". "Pour l’instant, nous sommes en phase de structuration. Concrètement, notre premier axe c’est la sensibilisation. On vient d’ailleurs de développer la Fresque du climat et la Fresque numérique", explique-t-il. L’objectif est de monter en puissance est de toucher au cœur des métiers et des entreprises. Quatre grandes catégories d’actions ont été définies. La sensibilisation donc, puis l’environnement du travail comme remplacer les tasses jetables à la machine à café contre des réutilisables. "Cela a peu d’impact mais c’est très visible des salariés", justifie Adrien Gaillard.
Vient ensuite la troisième étape, concernant le cadre du travail. Il s’agit de changer les avantages des Comités d’entreprise qui rembourseraient des vols d’avion par exemple mais pas les trains ou de réduire le temps de travail. "Là, les négociations commencent à être plus difficiles avec la direction", constate Adrien Gaillard. Enfin, le graal, choisir l’objectif du travail. "Personnellement, je refuse dans mon entreprise de travailler avec les grandes banques du CAC 40. Comme j’ai de bonnes relations avec mon employeur, on me laisse faire. Mais à terme, il faudrait que l’entreprise elle-même choisisse de boycotter certains clients", résume le consultant en cybersécurité.
Pour l’instant, la collaboration avec les syndicats plus traditionnels est plutôt bonne, rapporte Printemps Écologique. "En général, les salariés qui cotisent au Printemps écologique n’ont pas de culture syndicale. En plein déclin du syndicalisme, on apporte un renouveau", espère Anne Le Corre, cofondatrice de PE. Le mouvement en est pour l’instant à l’état embryonnaire avec 250 salariés syndiqués. Il vise les 1 000 à la fin de l’année. Les écosyndicalistes espèrent surtout s’inviter dans les prochaines élections de la fonction publique, qui auront lieu fin 2022. Le potentiel est énorme : cinq millions de salariés vont voter.
Marina Fabre, @fabre_marina