Publié le 25 septembre 2021
ENVIRONNEMENT
Les jeunes Allemands, minoritaires, feront-ils entrer le climat dans les urnes ?
Les Allemands votent dimanche 26 septembre pour dessiner leur avenir politique post Angela Merckel. Vendredi Greta Thunberg et des milliers d’Allemands, à dominante jeune, se sont rassemblés devant le Parlement pour que les voix pro-climat comptent. La violence des inondations de l’été a fait passer le réchauffement climatique en tête des préoccupations des Allemands, devant le Covid et les migrants mais, en tant qu’électeurs, voteront-ils contre le charbon et pour le climat ?

MAJA HITIJ / GETTY IMAGES EUROPE / GETTY IMAGES VIA AFP
Pour les milliers de manifestants qui ont défilé dans les rues de Berlin sous la bannière portée par Greta Thunberg, inspiratrice des Friday for Future (vendredis pour l’avenir), les élections législatives de dimanche sont "le scrutin du siècle". Elles doivent montrer jusqu’où la première puissance économique européenne est capable de changer son mix énergétique dominé par le charbon, repenser son modèle économique dont les fers de lance sont les industries automobiles et chimiques, pour mettre l’Allemagne sur la trajectoire de l’Accord de Paris.
Les jeux sont ouverts puisqu'à quelques jours du scrutin, 40 % des électeurs allemands disaient être encore indécis. Les sondages donnent les candidats des deux principaux partis, SPD et CDU, à quasi-égalité autour de 25 % avec une légère avance pour le social-démocrate Olaf Scholz devant Armin Laschet, le représentant du parti d’Angela Merckel. Les Verts, dont la campagne n’a pas été flamboyante, seraient la troisième force du pays avec 15 % des voix et leur candidate, Annalena Baerbock, a participé à la manifestation monstre de vendredi, pour souligner sa différence.
Le déclin démographique, un enjeu de taille
Si le critère climatique est décisif pour les électeurs Armin Laschet, le leader de la CDU, part avec un sérieux handicap. Il a non seulement déclaré après les inondations de juillet : "qu'on ne peut pas changer le politique du jour au lendemain à cause d’un jour comme ça" mais revendique aussi haut et fort son identité de fils de mineur de charbon et sa volonté de protéger l’industrie allemande. Olaf Scholz pour le SPD est quant à lui sur la ligne de sortie du charbon en 2038. Cet objectif fixé par le gouvernement Merckel auquel il participe en tant que Ministre des Finances est une date beaucoup trop tardive pour les manifestants pro climat de Berlin.
La pyramide des âges allemande va jouer un rôle décisif dans le scrutin. L’Allemagne fait face à un inexorable déclin démographique, les Allemands faisant très peu d’enfants (1,48 enfant par femme). Du coup la part de la population des moins de 25 ans est en décroissance et le poids électoral des plus de 50 ans est déterminant. Ils pourraient choisir de protéger leur grandeur industrielle d’hier en renouvelant la coalition actuellement au pouvoir (SUD/CDU).
Mais si ces parents et grands parents écoutent le message des plus jeunes, ils pourraient, au contraire, voter pour une ambition climatique forte, gage d’un avenir plus serein pour la jeune population descendue massivement dans les rues. C’est pour cela que le message des urnes allemandes sera très intéressant à entendre. Quel qu’il soit il illustrera le grand paradoxe des vieilles démocraties européennes où le rapport de force électoral est totalement déséquilibré. Alors que l’avenir d’un pays repose sur sa jeunesse, celle-ci vote très peu et de moins en moins. Les manifestations de vendredi qui se sont déroulées en Allemagne, montrent que seule une forte ambition climatique pourrait probablement les ramener vers les urnes.
Wir sind im noch im Vorporgramm des #Klimastreiks und der Hofgarten ist längst gefüllt!
Wahnsinn! #UprootTheSystem pic.twitter.com/AflyoKra2Q— Fridays For Future Bonn (@BonnFuture) September 24, 2021
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic