Publié le 03 juin 2015
ENVIRONNEMENT
La ville de Bonn, carrefour mondial de la diplomatie climatique
C'est un fait peu connu et pourtant, Bonn, ancienne capitale de la République fédérale allemande, abrite 18 organisations des Nations Unies et quelque 150 organisations gouvernementales et non-gouvernementales. Parmi celles-ci, le CCNUCC (Secrétariat des Nations Unies pour le climat), l’instance en charge de la tenue de la COP 21 à Paris. Ce qui fait de la tranquille ville rhénane un haut lieu de la diplomatie climatique mondiale.

Andreas Weber / iStock
"Bonn, c’est le centre de la diplomatie climatique mondiale. C’est là que les choses se passent" confie Sönke Kreft, qui dirige l’équipe en charge de la politique climatique internationale chez Germanwatch, la principale ONG allemande de lutte contre le réchauffement climatique.
L’organisation fournit un important travail de publications (études, indices climatiques, prises de position) ainsi qu’une activité de conseil, y compris auprès du gouvernement allemand. Pour coordonner au mieux son travail, l’ONG possède deux antennes, l’une à Bonn, le siège officiel, l’autre à Berlin, chargée de suivre la politique nationale.
"Beaucoup de rencontres ont lieu à Bonn en raison du grand nombre d’organisations onusiennes", poursuit Sönke Kreft. "Il y a une grande interaction entre les différentes institutions, mais aussi entre les institutions et les ONG. La question du climat sera traitée de façon différente en fonction des différents organes, et le fait que nous travaillons à Bonn nous permet d’assister à ces rencontres, d’établir des liens, de rencontrer des responsables. C’est tout à fait essentiel pour notre travail."
Bonn se réinvente grâce aux Nations Unies...
Que Bonn abrite autant d’organisations onusiennes ne relève pas du hasard : la décision fait suite à un débat passionné dans le début des années 90 au Bundestag, le parlement allemand, entre les députés favorables au fait que Bonn reste capitale, et les députés qui voulaient voir Berlin devenir le coeur de la nouvelle Allemagne. Les débats ont duré jusqu’au 20 juin 1991, date qui a marqué l’apogée de la controverse : 338 députés se sont déclarés pour Berlin, 320 pour Bonn. Un choc pour la ville et ses habitants.
Conséquence ? Il fallut trouver à la ville un lot de consolation - Bonn n’entendait pas sombrer ainsi dans l’oubli. D’autant que de nombreux bâtiments administratifs menaçaient de se trouver soudainement vides. Les députés ont alors fait le pari de l’international et décision fut prise de développer le profil de la cité en conséquence. C’est dans ce contexte que des accords furent noués avec les Nations Unies, qui trouvèrent à Bonn une infrastructure idéale pour développer sa diplomatie climatique. Ainsi, le World Conference Center Bonn, qui abrite les négociations climatiques onusiennes, n’est autre que le bâtiment modernisé de l’ancien parlement allemand.
... mais reste impuissante face à la realpolitik
Plus de vingt ans après la chute du mur et la réorganisation politique de l’Allemagne, le nom de Bonn est dorénavant intimement lié à l'ONU et au climat. Mais en dépit - ou peut-être en raison - de ce profil climatique si marqué, la ville au bord du Rhin a dû essuyer deux revers sévères.
D'abord sa candidature n’a pas été retenue pour accueillir le siège du Fonds vert, le fonds des Nations Unies destiné à aider les pays en voie de développement à lutter contre le réchauffement climatique (le siège est finalement installé dans l’éco-quartier de Songdo de la ville d’Incheon, située à l’ouest de Séoul, capitale de la Corée du sud). Elle n'a pas été retenue non plus pour accueillir le siège de l’Irena, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (qui est installé à Abu Dhabi).