Publié le 04 janvier 2022

ENVIRONNEMENT

La Russie utilise son veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour bloquer l'établissement d'un lien entre climat et sécurité

Habituée du genre, la Russie a dégainé son veto au Conseil de sécurité de l'Onu pour bloquer une résolution établissant un lien entre changement climatique et sécurité internationale. Ce texte était important puisqu'il permettait de doter l'instance d'un mandat pour travailler sur le sujet et analyser les risques futurs. 

Conseil de securite Onu CC0
Le projet de résolution, porté par le Niger et l'Irlande, était soutenu par 12 des 15 membres du Conseil.
@CC0

Alors que le changement climatique est de plus en plus reconnu comme un enjeu de sécurité, la Russie a opposé son veto à un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU établissant ce lien. Porté par le Niger et l'Irlande, il était soutenu par 12 des 15 membres du Conseil. Le texte demandait au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres d'"intégrer les risques de sécurité liés au climat en tant qu'élément central dans les stratégies globales de prévention des conflits des Nations unies". L'Inde, sans droit de veto, a voté contre, jugeant que le réchauffement climatique était surtout lié à une question de développement économique. La Chine s'est abstenue. 

Pour le Niger, dont le texte était co-parrainé - fait rare à ce niveau - par 113 des 193 membres de l'Assemblée générale de l'ONU, le Conseil de sécurité doit se doter "d'une approche intégrée et coordonnée, en vue d'un renforcement de sa capacité à comprendre l'impact du changement climatique". Ceci "sur la base d'une analyse approfondie des risques actuels et futurs, de façon à formuler des recommandations pertinentes orientées vers l'action", avait précisé son ambassadeur Mohamed Bazoum. La résolution réclamait aussi un rapport "sur les implications pour la sécurité (...) des effets néfastes du changement climatique" sur les dossiers gérés par le Conseil.

"Ce Conseil ne sera jamais à la hauteur de son mandat pour la paix"

"La crise climatique est une crise de sécurité", a fait valoir l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield. La France a aussi estimé qu'il y avait un "lien évident" entre le réchauffement de la planète et la sécurité, alors que l'accès à l'eau, la pénurie alimentaire ou l'insécurité climatique permettent aux "groupes armés de prospérer" en profitant de la vulnérabilité des populations. Pour  Antonio Guterres, "si le changement climatique n'est pas la source de tous les maux, il a un effet multiplicateur et est un facteur aggravant d'instabilité, de conflit et de terrorisme".

"Pour nous, le lien direct entre le terrorisme et le changement climatique est loin d'être évident", a expliqué l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, en refusant une résolution qui "créerait la confusion et les doublons" avec d'autres forums traitant du réchauffement climatique. La Russie ne conteste pas cette évolution mais elle estime qu'"il faut examiner chaque pays et chaque région individuellement". Au-delà du sujet climatique, Moscou recourt sans états d'âme à son droit de veto sur de multiples dossiers : Éthiopie, Libye, Soudan, Syrie, Centrafrique, Mali, Bosnie...   

En faisant part de leur profonde déception, les ambassadeurs d'Irlande et du Niger ont vivement dénoncé l'existence d'un droit de veto au Conseil de sécurité qui reste l'apanage depuis la Seconde Guerre mondiale de ses seuls cinq membres permanents (États-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni). Ce droit "est un anachronisme" et "ce Conseil ne sera jamais à la hauteur de son mandat pour la paix et la sécurité internationales s'il ne s'adapte pas" aux nouveaux défis comme le changement climatique, ont asséné ces deux ambassadeurs de pays membres non permanents au Conseil.  

Concepcion Alvarez @conce1 avec AFP


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

ENVIRONNEMENT

Climat

Les alertes sur le changement climatique lancées par les scientifiques conduisent à l’organisation de sommets internationaux, à la mise en place de marché carbone en Europe mais aussi en Chine. En attendant les humains comme les entreprises doivent déjà s’adapter aux changements de climat dans de nombreuses parties du monde.

Shell climat europe FREDERICK FLORIN AFP

Les eurodéputés valident la nomination d’un ancien de Shell pour porter le dossier climat de l’UE

Fumée blanche à l'horizon. Les eurodéputés de la commission Environnement du Parlement européen ont finalement validé la nomination de Wopke Hoekstra comme "Mr Climat" de l'UE, à deux mois de la COP28. Son passage chez le pétrolier Shell et le cabinet McKinsey ainsi que son manque d'allant sur le...

Changement climatique 1 5 degres copernicus 03

Changement climatique : le monde pourrait dépasser le seuil de +1,5°C en décembre 2034

66 ans d'avance. Alors que l'Accord de Paris fixe la limite du réchauffement à +1,5°C à la fin du siècle, une nouvelle donnée vient bouleverser cette trajectoire. La dernière estimation, issue du programme Copernicus, table sur un dépassement en décembre 2034, au rythme actuel des émissions de gaz à...

Température 1er octobre InfoClimat.fr

En plein automne, la France touchée par une vague de chaleur inédite

Un été sans fin ? L’année 2023 continue de battre tous les records de température, sous l’effet du changement climatique. En France, jamais un mois de septembre n’a été aussi chaud. Et octobre semble déjà prendre la même tournure.

A69 autoroute LIONEL BONAVENTURE AFP 01

A69, Artificialisation des sols : Les régions font-elles de la résistance à la planification écologique ?

Quelques jours après le lancement de la planification écologique à la française par Emmanuel Macron, Laurent Wauquiez président de la Région Rhône-Alpes, entre en résistance en refusant d’appliquer la loi Zero Artificialisation Nette (ZAN) des sols. De son côté, la présidente de la Région Occitanie...