Publié le 03 novembre 2016
ENVIRONNEMENT
Finance verte : la transparence de l’information laisse à désirer
La transparence sur l’utilisation des fonds destinés à lutter contre les effets du changement climatique laisse à désirer. Elle est même en train de se dégrader. C’est ce que met en lumière une nouvelle étude parue le 3 novembre. Publié par AdaptationWatch, un groupement de 13 organisations issues des pays du Nord et du Sud, dont Transparency International, ce document déplore par ailleurs le manque de critères comptables fiables. Deux aspects de la finance verte hautement sensibles, qui devront être abordés lors de la prochaine Conférence mondiale sur le climat.

Mohamed Abdiwahab / AFP
"Nous constatons une réalité qui ne correspond pas à la rhétorique déployée depuis la COP21", déplore Romain Weikmans, directeur de l’étude et chercheur à l’Université libre de Bruxelles. Les pays donateurs affirment qu’ils sont en train d’améliorer les processus de transparence au sein de la finance climatique. Mais ce que nous observons plutôt, c’est qu’ils continuent à batailler pour respecter ne serait-ce que les lignes directrices générales définies par les Nations Unies. J’espère qu’il ne s’agit pas là d’une tendance." L’universitaire s’exprime au nom d’une organisation qui a pour but de scruter les bonnes pratiques de gouvernance, en termes de mise en application de mesures d’adaptation au réchauffement climatique.
Crispation Nord-Sud autour des données financières
Sur quoi porte l’étude ? Sur la transparence relative aux flux financiers des pays du Nord vers les pays du Sud. Les pays développés se sont en effet engagés à épauler les pays parmi les plus affectés de la planète par la hausse des températures, mais dont la vulnérabilité économique ne permet pas d’en financer les impacts. En jargon onusien, on parle de financement des mesures d’adaptation. Il constitue une revendication majeure des pays en développement.
Les Nations Unies ont développé des standards de reporting climat permettant de mesurer la qualité de l’information financière et le degré de concrétisation des engagements pris. En clair, un outil qui permet de mesurer un niveau de transparence indispensable pour vérifier si les pays développés respectent bien leurs engagements. Or, le document montre une dégradation sur les deux dernières années : de 58% en 2014, elle tombe à 56% en 2016.
Une claque lorsque l’on sait combien la question de la transparence des données financières par les États est essentielle au maintien de la confiance entre pays du Nord et pays du Sud. Et donc à la bonne conduite des négociations.
La finance Nord-Sud au coeur des enjeux de la COP22
Car la finance Nord-Sud sera au coeur des enjeux lors des prochaines négociations qui sont sur le point de s’ouvrir à Marrakech. Pour les auteurs de l’étude, l’Accord de Paris est une avancée, notamment parce qu’il inclut des éléments allant dans le sens d’une meilleure transparence de la finance climat par les États. Cependant, ils regrettent l’absence de modalités comptables fiables et universelles.
"Nous avons des idées pour améliorer la situation, poursuit J. Timmons Roberts, directeur de laboratoire Climat et développement à la Brown University (USA). L’initiative pour renforcer les capacités en matière de transparence (le Paris Capacity Building Initiative for Transparency) en est une. Elle peut s’intégrer dans un système comptable plus large qui devrait être élaboré d’ici 2020, à temps pour la mise en application officielle de l’Accord de Paris."