Publié le 27 mai 2019
ENVIRONNEMENT
Européennes 2019 : malgré le succès des populistes, les Verts gagnent la bataille des idées
Si la montée populiste continue en Europe avec les nombreuses victoires de ces partis lors de l'élection 2019, les Verts ont fait de spectaculaires percées dans plusieurs pays, à commencer par la France et l’Allemagne. Jamais le Parlement n’aura compté autant d’élus verts. Mais au-delà de ces scores, les questions écologiques se sont imposées dans tous les programmes et dans tous les débats.

@StephanedeSakutin/AFP
Les partis Verts d’Europe ne sont pas arrivés en tête des élections européennes de 2019. Ce sont, incontestablement, les grands partis populistes qui ont gagné à l’image du Rassemblement national en France (23,3 %), de Fidesz de Viktor Orban en Hongrie (56 %), de la Ligue du Nord de Matteo Salvini en Italie (31 %). Mais dans de nombreux pays, on a assisté à une forte montée des parties écologistes, très largement portés par les appels venus de la rue visant à répondre à l’urgence écologique.
En France, le parti EELV, emmené par Yannick Jadot, prend la troisième place du scrutin avec 13,1 % des voix, derrière le RN et LREM. L’ensemble des partis Français avaient inclus l’écologie dans leur programme, à commencer par La République en Marche (LREM) qui avait même placé l'ex-EELV Pascal Canfin, numéro deux de la liste Loiseau, et se prévalait du soutien de Daniel Cohn-Bendit. Mais, "il n'y a pas eu d'évasion du vote écolo", analyse le politologue Daniel Boy. "Les électeurs ont préféré ceux qui ont toujours défendu l'écologie".
Vague Européenne
"C'est une vague verte européenne dont nous sommes les acteurs (…) Les Françaises et les Français nous ont envoyé un signal très clair : ils veulent que l'écologie aussi soit au cœur du jeu politique, et ce message a été lancé dans toute l'Europe", assure de son côté Yannick Jadot. Le Premier ministre, Édouard Philippe fait le même constat : "Nous avons reçu le message de nombreux Français sur l’urgence écologique. Partout en Europe, surtout les plus jeunes nous demandent d’agir".
L’autre immense percée est en Allemagne où les Verts arrivent en deuxième position avec 22 % des voix, doublant leur score de 2014. Ils sont devancés par l’Alliance CDU-CSU d’Angela Merkel (28,6 %) en recul. En Irlande, le Green Party arrive en deuxième position avec 15 % des voix, tout comme en Finlande où la Ligue verte réunit 15,8 % des électeurs. Pays-Bas, Autriche ou Portugal enverront également des élus écologistes au Parlement.
Une France affaiblie
Les deux principaux pourvoyeurs de parlementaires en Europe sont la France et l’Allemagne. Fort de leur succès dans ces pays, les Verts européens auront le plus grand groupe de leur histoire à Bruxelles avec une projection de 69 élus, contre 52 pour le parlement actuel. "La nuit sera merveilleuse et la nuit sera verte !", s’est réjoui Baz Eickhout, chef de file néerlandais des Verts au niveau européen. Pour l’eurodéputé belge, Philippe Lamberts, qui a vertement critiqué le virage vert d’Emmanuel Macron : "L’écologie politique n’est pas un satellite, c’est une force politique autonome".
Toutefois, les Verts ne resteront que la quatrième force derrière le centre droit du parti populaire européen (PPE, 182 sièges), les socialistes et démocrates (S&D, 147 sièges*) et les centristes de l’Alliance des démocrates et des libéraux (ADLE, 109 sièges). Notons d’ailleurs que les très faibles scores des partis français historiques, les Républicains (8,4 %) et les socialistes (6,6 %), vont lourdement pénaliser le poids de la France au Parlement, en étant faiblement représentée dans les deux partis européens majoritaires.
Ludovic Dupin @LudovicDupin