Publié le 11 décembre 2019

ENVIRONNEMENT

Elon Musk, Tim Cook, Patrick Pouyanné… 76 grands patrons appellent Donald Trump à rester dans l’Accord de Paris

Si Washington a quitté le combat mondial pour le climat en se retirant de l’Accord de Paris, les grandes entreprises américaines assurent continuer la lutte. À l’occasion de la COP25, elles appellent ouvertement le Président américain à les rejoindre. Pour elles, c’est une question de prospérité et d’engagement social.

Mickael Bloomberg COP25 We are still in CristinaQuicler AFP
Michael Bloomberg est venu présenté à la COP25 le dernier rapport de l'America's Pledge.
@CristinaQuicler/AFP

En pleine COP25, les patrons de grandes entreprises américains ou présentes aux États-Unis appellent les États-Unis à ne pas abandonner l’Accord de Paris. Ces sociétés emploient deux millions de personnes dans le pays et sont soutenues par des syndicats représentatifs de 12,5 millions de salariés. Cet appel fait suite à l’initiative du mouvement de contestation "We are still in", surgi en 2017 après l’annonce de Donald Trump d’abandonner les engagements climatiques de son pays.

"Il y a deux ans, les effets de l'augmentation des températures mondiales étaient clairs. Aujourd'hui, avec des températures records à travers le pays, des ouragans plus violents frappant les côtes, des incendies de forêt plus destructeurs, des sécheresses et des inondations perturbant l'économie, nous n'avons pas de temps à perdre", peut-on lire dans une lettre ouverte signée par tous les dirigeants.

Parmi eux, on retrouve : Jean-Paul Agon (L’Oréal), Richard Branson (Virgin), Tim Cook (Apple), Emmanuel Faber (Danone), Robert Iger (Walt Disney), Alan Jope (Unilever), Isabelle Kocher (Engie), Elon Musk (Tesla) ou encore Patrick Pouyanné (Total). Leur argument n’est pas seulement écologique mais bien économique et social.

 

Un monde juste et prospère

Ils écrivent : "Soutenir l'Accord de Paris est nécessaire pour aider les entreprises à rester compétitives et prospères". Plus loin, ils ajoutent : "Rester dans l'Accord de Paris renforcera notre compétitivité sur les marchés mondiaux, positionnant les États-Unis pour diriger le déploiement de nouvelles technologies qui soutiennent la transition".

Pour le volet social, les patrons écrivent que "l’engagement envers l'Accord de Paris nécessite une transition juste - une transition qui respecte les droits du travail et qui passe par le dialogue avec les travailleurs et leurs syndicats. La participation à l'Accord de Paris nous permet de planifier une transition juste et de créer de nouveaux emplois décents". Et de conclure : "La promesse de l'Accord de Paris est celle d'un monde juste et prospère. Nous exhortons les États-Unis à se joindre à nous pour rester (dans l’Accord de Paris)".

Si Donald Trump n’est pas nommé, c’est bien à lui que s’adresse ce courrier alors que la sortie effective de la première puissance économique mondiale de l’accord devait être effective fin 2020, à la veille de la prochaine échéance présidentielle. Ce sujet sera d’ailleurs au cœur de la campagne outre-Atlantique, véritable facteur différenciant entre le républicain et ses concurrents démocrates.

Plus de subventions aux fossiles

Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’un des candidats à la primaire, Mickael Bloomberg, a pris la parole à Madrid où se déroule le sommet climat. "Je veux que le monde sache que les Américains continuent à travailler sur le climat, même avec un négateur du climat à la Maison Blanche (…). Je suis ici parce que le président Trump n'y est pas. Je suis ici parce que l'administration américaine refuse de montrer la voie contre le changement climatique et que donc d'autres doivent faire ce travail".

Puis évoquant son programme, il explique que "le prochain président des États-Unis devrait mettre un terme à toutes les subventions aux entreprises du secteur des énergies fossiles et à l'extraction des énergies fossiles, et cela inclut les exonérations d'impôts et autres traitements spéciaux". L’ancien marie de New York a présenté les conclusions du dernier rapport de l'initiative America's Pledge qu'il finance et qui rassemble villes, Etats et entreprises américaines engagées pour le climat.

Selon ces données, malgré l’immobilisme de Washington,  les États-Unis devraient réduire de 25 % leurs émissions d'ici 2030, par rapport à 2005, grâce aux "forces du marché" et aux lois votées par plusieurs États dont la Californie et New York. En 2015, lors de la COP21, l’administration Obama avait promis une réduction de 26 à 28 % d’ici 2025.

Ludovic Dupin, @LudovicDupin


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