Publié le 22 janvier 2014

ENVIRONNEMENT

Davos se soucie des inégalités de revenus et du climat

En amont de la 44e édition du Forum économique mondial le 22 janvier à Davos, l'organisation internationale a publié le « Global Risks 2014 », qui désigne les principaux risques pour le monde. Si le fossé entre les citoyens les plus riches et les plus pauvres est le principal risque soulevé, les questions climatiques sont très présentes cette année. Le rapport affirme que les risques environnementaux sont devenus bien plus importants depuis 2011.

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© World Economic Forum

Les principaux risques identifiés par le Forum économique Mondial en 2014

Les risques les plus probables :

1. Disparité des revenus

2. Evénements météorologiques extrêmes

3. Chômage et sous-emploi

4. Réchauffement climatique

5. Cyberattaques

Les risques susceptibles d'avoir les incidences les plus profondes :

1. Crises budgétaires

2. Changements climatiques

3. Crise de l'eau

4. Chômage et sous-emploi

5. Défaillance mondiale des systèmes informatiques

« Reconstruire le monde : les conséquences pour la société, la politique et les affaires ». Voici l'ambitieux programme de travail des dirigeants d'entreprises, responsables politiques et intellectuels qui vont se réunir du 22 au 25 janvier, à Davos pour le Forum économique mondial. Comme chaque année, un rapport sur les risques majeurs qui guettent la planète, élaboré par plus de 700 experts mondiaux et publié en amont de la rencontre devraient les aider à y voir plus clair. Parmi les enjeux phares, on distingue cette année la réduction des inégalités de revenus, le chômage, mais aussi la gestion des problèmes climatiques (déjà présents dans le rapport 2013).

La montée de l'enjeu social

Les inégalités de revenus comme principal risque pour le monde en 2014 selon les experts de Davos : l'information a été largement relayée par les medias, comme une sorte de petite révolution pour le très sélect cercle du World Forum plus connu pour ses positions libérales que ses penchants environnementaux ou sociaux. Pourtant, ce n'est pas la première fois que le sujet fait partie des principaux risques pour l'économie identifiés par les experts. En 2012 déjà, les mouvements sociaux spontanés - Printemps arabe, mouvement des indignés, Occupy Wall Street, etc.- qui s'étaient créés un peu partout dans le monde avaient fait l'objet d'une alerte dans le Global risk report. La montée du chômage des jeunes, les difficultés de retraités et les écarts de richesse sèment les « germes de la dystopie » (contre-utopie) mettait alors en garde le rapport.

Les ONG, s'alarment également de la situation actuelle. C'est par exemple le cas d'Oxfam, qui vient de publier un rapport baptisé « En finir avec les inégalités extrêmes ». L'ONG rappelle que la moitié des richesses mondiales est détenue par 1 % de la population, tandis que 99 % des personnes se partagent l'autre moitié. Les disparités sont criantes : la richesse des 1 % les plus riches s'élève à 110 trillions de dollars, soit 65 fois la richesse totale de la moitié la moins riche. « La fortune combinée des 10 personnes les plus riches d'Europe dépasse le coût total des mesures de relance mises en œuvre dans l'Union européenne entre 2008 et 2010 (217 milliards d'euros contre 200 milliards d'euros) », indique le rapport.

Pas de compétitivité sans durabilité

Le Forum économique mondial, en s'appuyant sur son indice de compétitivité le Global Competitiveness Index, estime qu' « aucun compromis n'est nécessaire entre être économiquement compétitif et être durable ». Le rapport ajoute que « de nombreux pays du haut du classement de la compétitivité sont aussi les plus performants en terme de développement durable, comme par exemple la Suisse, la Finlande, l'Allemagne, la Suède et les Pays-Bas. » Et affirme : « Comprendre la relation entre le développement durable et la compétitivité est cruciale pour comprendre comment atténuer et renforcer la résilience à des risques mondiaux. »

Les inégalités menacent le développement économique

Pour les experts du Forum, le principal risque pour le monde en 2014 est l'aggravation du fossé entre les plus riches et les plus pauvres. Cet écart croissant n'est pas sans conséquence sur le plan social, comme le note d'ailleurs les experts : « L'élargissement des écarts entre les citoyens les plus pauvres les plus riches et menace la stabilité sociale et politique ainsi que le développement économique. » Le rapport ajoute : « L'échec des institutions financières a entraîné une crise financière qui a abouti à des crises de liquidité affectant plusieurs économies nationales. Cela a conduit à des niveaux de chômage plus élevés, a accentué la disparité des revenus et des tensions et des protestations politiques et sociales associées, notamment dans certains pays d'Europe et grands pays émergents. » C'est d'ailleurs pourquoi un nombre croissant d'investisseurs intègre les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) dans leurs pratiques d'investissement (lire l'étude Novethic sur ce sujet).

L'enjeu environnemental conforté

« Les risques environnementaux, tels que le changement climatique, les événements climatiques extrêmes et la pénurie d'eau, sont devenus plus importants depuis 2011, tandis que les risques liés à la santé, comme les pandémies et les maladies chroniques, sont devenus moins importants », constate Global risk report 2014. Parmi les cinq risques les plus probables (voir encadré) figurent deux enjeux climatiques : les événements météorologiques extrêmes et le réchauffement climatique. Quant aux risques qui ont les conséquences potentielles les plus graves, là encore deux relèvent de l'environnement : le changement climatique et les crises de l'eau. « Ceci implique, de manière urgente, une meilleure information du public sur les conséquences potentielles des menaces environnementales, étant donné qu'une action collective devra être fondée sur la bonne compréhension de ces conséquences », indique le rapport. « Pour y faire face (à ces risques, ndlr), il est vital que les parties prenantes coopèrent pour remédier à ces risques et s'adapter à la présence de risques catastrophiques dans notre monde d'aujourd'hui », a déclaré Jennifer Blanke, économiste en chef au Forum Economique Mondial.

Les risques liés à l'eau

Pour la troisième année consécutive, la question de l'eau figure parmi les principaux risques en termes d'impact potentiel. Dans son rapport, le Forum rappelle l'importance de la sécurité de l'eau. « De plus en plus, les sécheresses et les inondations pourraient ravager les économies des pays les plus pauvres et les enfermer plus profondément dans les cycles de la pauvreté. Au-delà de la quantité d'eau, la qualité de l'eau est un problème crucial. Des incidents de pollution ont paralysé les activités de certaines régions de Chine, ce qui perturbe les chaînes de valeur mondiales et porte préjudice à la réputation des entreprises »

Ressources non conventionnelles

Dans son rapport, le Forum évoque également le développement des sources de pétrole et de gaz non conventionnels, comme les sables et les schistes bitumineux. « Ils exigent des processus et des technologies qui diffèrent considérablement de ceux utilisés par les ressources conventionnelles en terme d'énergie, de coût et d'impact sur l'environnement. Leur impact et leur durabilité sont de plus en plus remis en question. »

Les pollutions

Deux types de pollutions présentent un risque important dans les années à venir : la pollution des déchets plastiques, qui pourrait dégrader les écosystèmes et les rivages. Mais aussi les perturbateurs endocriniens présents dans l'environnement et qui posent des problèmes de santé pour l'homme.

Céline Oziel
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