Publié le 14 août 2019
ENVIRONNEMENT
[Coup de chaud] Quand le changement climatique pèse sur l’économie
Canicules, sécheresse, incendies, inondations, tempêtes et ouragans… Les événements climatiques extrêmes se multiplient et pèsent sur l’activité économique. En 2019, le changement climatique a montré toute sa puissance. Cette semaine Novethic revient sur cinq domaines clés qui sont profondément transformés par les conséquences déjà visibles ou à venir. Aujourd’hui, son impact économique.

@Win MCNamee Getty Image North America AFP
En 2006, un rapport jette un pavé dans la mare et déconcerte les dirigeants du monde… Le changement climatique pourrait coûter entre 5 à 20 % du PIB mondial. Très critiqué, il devient une référence et un tournant dans la prise de conscience du poids du changement climatique sur l’économie car il émanait du très respecté Sir Nicholas Stern, ancien chef économiste de la Banque mondial, alors directeur du Budget et des finances publiques au Trésor britannique.
Plus de 10 ans plus tard, ce poids théorique se matérialise très concrètement par le coût exponentiel des catastrophes et événements extrêmes climatiques, l’un des postes de coûts les plus visibles à ce stade. En l'espace de 20 ans, les pertes économiques liées au réchauffement de la planète ont augmenté de plus de 250 % selon le Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes. Toutes les économies sont touchées, mais les plus développées, souvent de façon plus importante encore. La France fait ainsi partie du TOP10 des pays ayant subi les pertes les plus importantes dans le monde.
Les pays développés fortement affectés
Mais ce sont les États-Unis, sortis de l’Accord de Paris, qui sont davantage encore en première ligne. Les ouragans Katrina, Sandy puis Harvey ont laissé des traces tout comme les incendies meurtriers de Californie en 2018. Selon les Nations Unies, ils subissent aujourd’hui plus de 25 % des coûts mondiaux du changement climatiques. Et cela devrait s’aggraver. Le rapport du Fourth Nationale Climate assessment, qui rend compte au Congrès américain tous les quatre ans des impacts du changement climatiques, estime que le PIB de l’économie américaine serait de 10 % plus faible en 2090 si celui-ci reste sur la trajectoire actuelle de ses actions climatique.
Ce coût, estimé en grande partie via les assurances et réassurances, pourrait encore être alourdi par de nouvelles études qui montrent qu’en cas de variation très forte de températures, comme c’est le cas lors de canicule, la productivité d’un pays peut être fortement impactée. Des travaux de L'Organisation internationale du travail, l'OMS et le MIT -l’institut de technologie du Massachussetts chiffrent à 2 000 milliards de dollars par an le coût global au niveau économique mondial d’ici à 2030. Dans des secteurs comme l’agriculture et le bâtiment, la productivité pourrait baisser de 20% dans la dernière moitié du XXIe siècle.
Les institutions ont étudié 40 ans de données et concluent à une baisse de 1,5% à 1,7% de la productivité d’un pays pour chaque degré supérieur à une variation de 15°C par rapport aux normales saisonnières. C’est typiquement ce que nous avons pu observer à Paris lors de la dernière canicule de juillet. Ces grosses variations de température pèsent également sur les revenus : quand la température annuelle moyenne augmente de 1°C, le revenu par tête baisse de 1 à 2%.
Ces coûts affectent aussi les entreprises. Tant et si bien qu’elles sont de plus en plus nombreuses à demander aux gouvernements d’agir. Fin juillet, 28 multinationales engagées dans la démarche Science Based Target, qui leur demande d’aligner leur stratégie climatique sur les objectifs de l’Accord de Paris, plaident désormais pour des efforts permettant d’atteindre l’objectif le plus ambitieux de l’accord, soit les 1,5°C de réchauffement au lieu des 2°C initialement visés. En 2018, une étude publiée dans Nature estimait que l'alignement sur l'objectif le plus ambitieux de l'Accord ferait gagner 20 000 milliards d dollars à l'économie mondiale d'ici la fin du siècle.
Béatrice Héraud @beatriceheraud