Publié le 12 août 2021

ENVIRONNEMENT

COP26 : la moitié des pays n'ont pas soumis leurs nouvelles ambitions climatiques avant la date limite

Les pays signataires de l'accord de Paris en 2015 s'étaient engagés à soumettre des ambitions climatiques plus ambitieuses d'ici le 31 juillet 2021 pour limiter le réchauffement à 2°C maximum. Au lendemain de la date limite, la moitié des pays n'avaient pas soumis la leur, y compris les plus importants émetteurs de CO2 comme la Chine et l'Inde. Le bilan n'est pas beaucoup plus vert même du côté des bons élèves.

IStock @CalypsoArt sablier
La date limite de soumission permet à la Convention-Cadre d'effectuer le travail essentiel d'examen, de quantification et de synthèse du contenu des NDC nouveaux ou actualisés, avant de présenter les résultats aux parties et au grand public.
@CalypsoArt / Istock

Ce devait être la date butoir. Le 31 juillet, tous les pays signataires de l’Accord de Paris sur le climat devaient avoir fourni leurs plans climat revus à la hausse pour limiter le réchauffement à 2°C, et si possible 1,5°C, par rapport au début de l’ère industrielle. Seulement un peu plus de la moitié d'entre eux, soit 110 Parties sur 197, ont déposé leurs nouvelles contributions déterminées au niveau national (NDC) ou la révision de celle-ci, s’est inquiétée la secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, Patricia Espinosa.

Le bilan est toutefois meilleur qu'en décembre 2020, où on comptabilisait en tout et pour tout 75 NDC soumises. Parmi les nouvelles contributions, celle des États-Unis, deuxième pollueur du monde, de retour dans l’Accord de Paris suite à l’élection de Joe Biden. Mais ni la Chine, ni l’Inde, premier et troisième émetteurs de CO2, n’ont encore déposé la leur. Le 10 août, l'Australie a réaffirmé son refus de fixer un objectif de neutralité carbone estimant que le pays l'atteindrait "dès que possible". "Je demande aux autres Parties de déposer leur NDC avant la COP26", a appelé la secrétaire exécutive sur Twitter. Ces NDC doivent être intégrées à un rapport de synthèse qui sera publié en amont du grand rendez-vous international sur le climat.

Des ambitions à renforcer

Pour atteindre l'objectif fixé par l’accord de Paris, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a estimé nécessaire de réduire les émissions planétaires d'au moins 45 % par rapport aux niveaux de 2010. Mais même du côté des NDC déjà soumises, l’ambition ne permet pas de répondre à l’enjeu. Selon un rapport publié en février, l'impact combiné des 75 nouvelles contributions rendues avant décembre 2020 constituait moins de 1% de baisse des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030. "L'une des principales conclusions de la version initiale du rapport de synthèse montrait que les efforts collectifs sont loin d'être à la hauteur de ce qu'exige la science pour limiter à 2°C l'augmentation de la température mondiale d'ici la fin du siècle, sans parler de l'objectif souhaité de moins de 1,5°C", déplore Patricia Espinosa. Elle "espère sincèrement que l'estimation révisée des efforts collectifs révélera une image plus positive"

"Les vagues de chaleur extrêmes, les sécheresses et les inondations qui ont eu lieu récemment dans le monde entier sont un signal d'alarme qui montre qu'il faut faire beaucoup plus, et beaucoup plus vite, pour modifier notre trajectoire actuelle", a-t-elle ajoutée. Un constat appuyé par le GIEC, qui dans la première partie de son rapport publié le 9 août, souligne qu’il est encore possible de stabiliser le climat d’ici 20 à 30 ans. Cela à condition de prendre "des réductions fortes, rapides et soutenues des émissions de gaz à effet de serre et l'atteinte de zéro émission nette de CO2"  selon le coprésident du Groupe de travail 1 du GIEC, Panmao Zhai, sans quoi l'objectif de 1,5°C, et même de 2°C, seront hors de portée. Mais à moins de cent jours de la COP26, les négociations préparatoires qui ont eu lieu lors du G20 à Naples et à Londres fin juillet ont suscité l'inquiétude : malgré l'urgence, les pays ne parviennent pas à s'accorder sur des objectifs et des stratégies communes. 

Pauline Fricot, @PaulineFricot


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

ENVIRONNEMENT

Climat

Les alertes sur le changement climatique lancées par les scientifiques conduisent à l’organisation de sommets internationaux, à la mise en place de marché carbone en Europe mais aussi en Chine. En attendant les humains comme les entreprises doivent déjà s’adapter aux changements de climat dans de nombreuses parties du monde.

Antarctique Unsplash Cassie matias

La Terre est sur le point de franchir cinq points de bascule : une menace "sans précédent"

La Terre toujours plus dans le rouge. Sur 26 points de bascule – ou "tipping points" - identifiés, cinq sont à la limite d’être franchis, et trois autres pourraient l’être très prochainement si les températures continuent d’augmenter, avertit une nouvelle étude publiée ce mercredi 5 décembre. Une...

Fin des énergies fossiles Lobbies KARIM SAHIBAFP

2 456 lobbyistes fossiles à la COP28, une marée noire record

C'est le chiffre choc de la COP28. 2 456 lobbyistes fossiles - "au moins" - ont obtenu une accréditation pour participer à ce nouveau sommet pour le climat, qui se tient actuellement à Dubaï. Ce nombre dévoilé par une coalition d’ONGs, Kick Big Polluters Out, montre à quel point l’ombre des lobbies...

CO2 Photo de Markus Spiske sur Unsplash

Niveau record d’émissions de CO2 dans le monde : les trois graphiques à retenir

Alors que la première semaine de la COP28 s’achève à Dubaï, la nouvelle édition du Global Carbon Project, publiée ce mardi 5 décembre, rappelle que les émissions de CO2 ne cessent d’augmenter, jusqu’à atteindre un niveau record en 2023. En cause, la Chine et l’Inde, dont la consommation de charbon...

Baril petrole bourse risque prim91 1

COP28 et sport : les pays du Golfe, les rois du soft power

Entre la COP28 organisée aux Emirats arabes Unis ou la main-mise du Qatar et de l’Arabie Saoudite sur les grands évènements sportifs, le soft power des pays du Golfe s’étend, au détriment de la lutte contre le dérèglement climatique.