COP22 : pas d'accord sur le financement Nord-Sud à Marrakech
La 22ème Conférence internationale sur le climat (COP22) s'est achevée ce vendredi à Marrakech (Maroc). Au centre des discussions : le financement Nord-Sud. Et le point de blocage majeur pendant ces deux semaines de négociations. Les négociateurs disposent désormais de deux ans pour le surmonter.

Jalal Morchidi / Anadolu Agency / AFP
Quel est le principal acquis des négociations climatiques de Marrakech? La définition de l’année 2018 comme date butoir. Cela signifie que les négociateurs s’engagent à finaliser les modalité de la mise en application de l’Accord de Paris au cours des deux prochaines années. Le principal problème ? Ils ne sont pas parvenus à s'entendre sur les transferts financiers des pays développés vers les pays en voie de développement.
Le financement Nord-Sud est la clé de voûte des négociations sur le climat. Parce qu’il touche à l’aspect hautement sensible de la justice climatique : la lutte contre le réchauffement de la planète doit reposer en premier lieu sur les épaules des pays du Nord, dont le développement économique a été assuré par les énergies fossiles. Et bénéficier aux pays du Sud, les premiers affectés par le dérèglement climatique, mais dont la vulnérabilité économique ne permet pas d’en compenser les impacts.
Adaptation vs atténuation
Au sein de la finance climat, le volet consacré à l’adaptation reste un des points les plus clivants des négociations. Et l'une des principales revendications des pays en voie de développement. De quoi s’agit-il ? "De fournir aux agriculteurs africains des semences qui résistent à la sécheresse pour leur permettre de nourrir leurs familles, de construire des digues afin que des millions de personnes vivant sur les côtes survivent à la hausse du niveau des mers, ou encore de mettre en place des systèmes d’alertes précoces", explique Armelle Le Comte, de l’ONG Oxfam. Qui indique que l’accord signé à Paris l’année dernière stipule la nécessité d’un équilibre financier entre l’adaptation et l’atténuation.
Seulement, le texte ne précise pas le montant exact des financements qui doivent être repartis entre les deux pôles. La promesse des 100 milliards de dollars annuels, qui doivent être versés à partir de 2020, a été formulée dans ce contexte.
À Marrakech, le G77 + la Chine, une des coalitions de pays les plus influentes, s’est mobilisé pour revendiquer une multiplication par quatre du financement de l’adaptation au sein de ces fameux 100 milliards. C’’est-à-dire la mobilisation d’ici l’horizon 2020 de 32 milliards. Une demande qui a été finalement retirée. En l’état, les pays donateurs prévoit que seuls 20% des 100 milliards de dollars promis seront destinés au financement de l’adaptation d’ici 2020.
Des procédures lourdes
Autre sérieux point de discorde entre les pays du Nord et du Sud durant ces deux semaines : le fonds d’adaptation. Issu du protocole de Kyoto, notoirement sous alimenté, ce fonds a retrouvé à Marrakech une (modeste) force de frappe financière : il a reçu jeudi 81 millions de dollars en dons par les pays européens. L’Allemagne a apporte la plus grande partie du financement avec 55 millions. Cet instrument financier n’en est pas moins considéré comme vital pour les pays du Sud. Car il leur permet d’accéder à des sources de financement plus facilement qu’avec le Fonds vert, qui exige des procédures d’accréditation plus lourdes.
Depuis 2010, le fonds pour l’adaptation a financé à hauteur de 337 millions d’euros 55 projets dans 48 pays. À la COP22, le fonds d’adaptation passe du protocole de Kyoto à l’Accord de Paris. Ce qui assure son existence. Mais son mode opératoire reste encore à définir.
Les négociateurs se retrouveront lors d’une réunion intermédiaire en mai 2017 à Bonn (Allemagne), au siège du Secrétariat des Nations Unies sur le changement climatique. Puis une nouvelle fois en novembre de la même année, lors de la prochaine Conférence internationale sur le climat. Elle sera présidée par les îles Fidji et se déroulera également à Bonn, pour des raisons logistiques. C’est la première fois qu’un petit État insulaire du Pacifique prendra la présidence d’une COP. Ces îles sont particulièrement exposées aux conséquences du réchauffement climatique.