Publié le 18 avril 2023
ENVIRONNEMENT
Climate Q&A : une IA pour décrypter les rapports du GIEC
Informer le grand public sur le changement climatique en quelques clics, voilà l’ambition portée par Climate Q&A. La crise climatique peut-elle être enrayée ? Quel est le coût de l’inaction ? Qu'est-ce que le jet stream ? Lancé au début du mois d’avril, ce chatbot gratuit et open source s’appuie sur une quinzaine de rapports scientifiques pour répondre de manière fiable et sourcée à toutes les interrogations des utilisateurs.

Ekimetrics
Des milliers de pages rassemblées dans des dizaines de rapports. Si le corpus scientifique consacré au climat ne cesse de se développer, il peut être difficilement compréhensible par le grand public. Pour faciliter l’accès à ces études, la société française Ekimetrics a imaginé Climate Q&A, une intelligence artificielle capable de répondre à toutes les interrogations des utilisateurs sur le changement climatique. L’objectif : informer à grande échelle mais aussi lutter contre les fake news en se basant uniquement sur des sources scientifiques vérifiées.
Lancé début avril, ce nouvel outil fonctionne à la manière de l’agent conversationnel ChatGPT, sur lequel il s’appuie d’ailleurs pour présenter les résultats. Concrètement, à partir d’une requête formulée par l’utilisateur, l’IA analyse plusieurs rapports scientifiques, en extrait les informations pertinentes et les résume en quelques secondes seulement. En parallèle de la réponse, chaque source est précisée, permettant d’aller plus loin si nécessaire. Changement climatique, biodiversité, océans, transition énergétique… Un peu moins d’une quinzaine de rapports sont référencés par le chatbot, dont les travaux du GIEC, le groupe d'experts intergouvernementaux sur le climat, de l’IPBES, dédiée à la biodiversité ou encore de l’AIE, l'Agence internationale de l'énergie.
Un chatbot open source
En seulement quinze jours, Climate Q&A a enregistré plus de 6500 requêtes. "Nous voyons qu’il y a non seulement un engouement, mais surtout un besoin", explique à Novethic Théo Alves da Costa, responsable des projets Data/IA au service de la transition écologique pour Ekimetrics. Ces premières semaines d’utilisation offrent un premier aperçu des sujets les plus fréquemment abordés par les utilisateurs. "Nous relevons énormément de questions sur les solutions, plus que sur le constat climatique", souligne Théo Alves da Costa. Une ressource précieuse qui pourrait s’avérer utile dans la façon d’aborder l’urgence climatique. Ce véritable "observatoire" permettra par ailleurs à la société spécialiste de l’IA d’affiner les résultats apportés.
Si Climate Q&A s’adresse en premier lieu au grand public, il vise également à aider les experts sur le climat, les formateurs, les médias ou encore les scientifiques eux-mêmes. Au-delà de la rapidité et de la précision de la recherche d’information, ces derniers pourraient s’approprier le chatbot, dont l’algorithme est entièrement accessible en open source. "Un laboratoire pourrait l’utiliser en interne pour améliorer sa recherche, en récupérant le code et en utilisant les rapports de sa discipline en lieu et place de ceux du GIEC aujourd’hui référencés", détaille Théo Alves da Costa.
Vers une application moins énergivore
Une application qui contribue à l’une des ambitions affichées par Ekimetrics : placer l’intelligence artificielle au service de la transition sociale et écologique. Pour cela, l’entreprise tout fraîchement devenue société à mission, affirme travailler sur la frugalité de ses algorithmes pour réduire son impact et envisage de se passer dans un futur plus ou moins proche de ChatGPT. De l’usage des données personnelles à la consommation d’eau nécessaire à son fonctionnement, l’agent conversationnel fait en effet l’objet d’un nombre croissant de controverses. "ChatGPT nous a permis de sortir une application assez rapidement à moindre coût, mais il existe aujourd’hui des solutions open source moins énergivores, presque aussi performantes", assure Théo Alves da Costa.
Actuellement encore en phase de beta test, Climate Q&A devrait ainsi voir de nombreuses évolutions dans les mois à venir. Pour l’instant disponible uniquement en anglais, langue dans laquelle sont rédigés les rapports scientifiques, l’outil pourrait devenir multilingue. De nouvelles fonctionnalités permettant de guider les utilisateurs dans leur recherche seront ajoutées, l’interface sera améliorée et les sources seront affinées en comprenant des graphes mais aussi les résumés pour les décideurs du GIEC. "Il faut avoir l’humilité de dire que ce qui a été résumé par les humains est beaucoup plus pertinent que ce que la machine pourrait faire", admet Théo Alves da Costa. Une nouvelle version est attendue dès cette semaine.