Publié le 26 février 2015
ENVIRONNEMENT
Climat : la France et les Philippines lancent l’appel de Manille
Ce jeudi 26 février, les présidents français et philippin ont appelé à un accord “ambitieux, équitable et universel” sur le climat lors de la conférence de Paris en décembre prochain. Les deux chefs d’État ont aussi annoncé une alliance entre leurs pays, visant à élargir la coopération entre les États développés et les États en développement, notamment les plus vulnérables au changement climatique. Une dynamique essentielle pour espérer le succès de la COP21.

AFP PHOTO / ALAIN JOCARD
En invitant les actrices Marion Cotillard et Mélanie Laurent à l'accompagner à Manille, Nicolas Hulot, envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète, a réussi à braquer les projecteurs sur le premier déplacement présidentiel consacré au changement climatique.
Ce voyage de deux jours, première visite d’État d’un président de la République française aux Philippines, est présenté comme une "étape très importante vers la COP21". Car les négociations onusiennes sur le climat, encore très marquées par une opposition Nord-Sud, doivent aujourd’hui sortir de l’impasse pour tenter de parvenir à un accord international visant à limiter le réchauffement de la planète à 2°C à la fin du siècle.
Une alliance symbolique et stratégique
L’alliance entre les pays développés et les pays en développement, en particulier les plus vulnérables au changement climatique, est à cet égard vitale. L’aide des pays développés en faveur des plus pauvres l'est encore plus.
Le choix d’une alliance sur le climat et l'économie (notamment verte) avec les Philippines est donc symbolique : pays émergent avec un fort potentiel de développement, il est aussi le deuxième plus vulnérable au réchauffement climatique (avec la multiplication des typhons) selon le World Risk Index 2014.
Mais l’alliance est également stratégique : dans les négociations climatiques, ce pays joue un rôle important. Sa position est celle d’une "voix progressiste parmi les pays en développement", et les Philippines défendent désormais une vision du principe de "responsabilités communes mais différenciées", position jugée constructive et susceptible de convaincre d’autres pays en développement de s’engager positivement pour un accord en décembre, estime l’Élysée.
Un appel à la mobilisation et à la solidarité
Que dit l’appel de Manille ? Lu par Marion Cotillard et LAuren Legarda, une sénatrice philippine, il s’agit en fait d’un court message destiné à mobiliser l’ensemble des forces vives de tous les pays – États, collectivités locales, investisseurs, acteurs privés et société civile – pour la signature d’un accord "ambitieux, équitable et universel" à Paris.
"Nous avons besoin d’un accord négocié et accepté par tous (…). Nous appelons à coopérer face au changement climatique. La croissance économique, le développement durable, la lutte contre la pauvreté, sont des objectifs qui peuvent et qui doivent être atteints ensemble. Mais assurer un accès équitable au développement durable pour tous nécessitera de disposer de moyens de mise en œuvre accrus. Nous appelons à la solidarité financière et technologique", a déclaré Marion Cotillard avant d’inviter chacun à le relayer.
"L'appel de Manille, c'est pour que le monde soit plus juste, entre les pays développés et les pays fragiles, entre les pays riches et les pays pauvres", a commenté François Hollande, encourageant les pays riches à aider les plus pauvres, notamment par le biais du "fonds vert", mécanisme financier onusien qui doit permettre aux plus vulnérables de lutter contre les impacts du changement climatique.
Les forces économiques et financières en première ligne
Mais s’il constitue le temps fort médiatique du voyage, l’appel de Manille a aussi été complété par d’autres discours sur le changement climatique. Plus tôt dans la journée, le président de la République française s’était exprimé devant des chefs d’entreprises français et philippins, les invitant à prendre leur pleine place au sein de la lutte contre le changement climatique.
"Nous venons ici pour parler d’économie, c’est-à-dire aussi de changement climatique, car les deux objectifs ne peuvent pas être séparés. Tout ce que nous ferons pour lutter contre le réchauffement climatique nous pourrons aussi l’utiliser pour faire plus de croissance, plus de développement, plus de richesse", a ainsi déclaré François Hollande en ouverture du forum économique sur le changement climatique et la croissance solidaire.
"Nous avons bien sûr une responsabilité, nous les États, les gouvernements, a-t-il poursuivi. Mais rien ne pourra se faire si les entreprises, les grandes organisations, les grandes institutions internationales, les grandes institutions financières ne se mobilisent pas par rapport à cet enjeu. Il nous faudra beaucoup de technologies, de recherches scientifiques et d’investissements, et pas simplement des taxes qui dissuaderont ou des règles qui empêcheront. Nous avons besoin de créer un flux d’investissement considérable dans les prochaines années", a-t-il averti.
À quelques mois seulement de la conférence de Paris, c’est encore loin d’être le cas.