Publié le 29 novembre 2018
ENVIRONNEMENT
Climat : Jair Bolsonaro annonce que le Brésil renonce à organiser la COP25 en 2019
Le Brésil a annoncé renoncer à organiser le sommet sur le climat COP25, qui devait avoir lieu du 11 au 22 novembre 2019. Cette décision a été prise par le président nouvellement élu Jair Bolsonaro, climato-sceptique qui entrera en fonction en janvier. Cette annonce a lieu à quelques jours de l'ouverture, dimanche 2 décembre, de la COP24 à Katowice, en Pologne.

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"J'ai participé à cette décision. J'ai demandé à notre futur ministre (des Affaires étrangères) d'éviter la tenue de cet événement au Brésil", a affirmé Jair Bolsonaro lors d'une conférence de presse à Brasilia. L'annonce officielle était venue quelques heures plus tôt du gouvernement actuel, qui s'était pourtant proposé avec enthousiasme début octobre pour accueillir le sommet.
À l'époque, le ministère des Affaires Étrangères du président de centre droit Michel Temer s'était réjoui du fait que "la tenue de la COP25 au Brésil confirmait le rôle leader du pays en termes de développement durable". Deux mois plus tard, ce même ministère est revenu sur sa décision, officiellement en raison de "restrictions budgétaires".
Lors de sa conférence de presse, Jair Bolsonaro déclare : "La politique environnementale ne peut pas entraver le développement du Brésil. Nous voulons préserver l'environnement, mais pas de la manière dont cela est fait actuellement". Il précise que, selon lui, le secteur agro-alimentaire "suffoquait" sous les réglementations.
Alarmisme climatique
"C'est pour cela que nous prendrons plus de temps pour choisir un ministre qui mettra en place une vraie politique environnementale en faveur des intérêts nationaux", a-t-il conclu. La décision de renoncer à l'organisation du sommet a déclenché une levée de boucliers dans les milieux écologistes.
Élu il y a un mois, Jair Bolsonaro a nommé à la tête de la diplomatie brésilienne Ernesto Araujo, fervent admirateur du président américain Donald Trump et climato-sceptique, qui a dénoncé mardi l'"alarmisme climatique" dans une tribune publiée dans le quotidien Gazeta do Povo. Auparavant, celui-ci avait jugé que "la gauche a kidnappé la cause environnementale et l'a pervertie jusqu'au paroxysme (…) Le marxisme culturel a influencé le dogme scientifique du changement climatique".
"C'est lamentable, mais pas surprenant, que le gouvernement brésilien revienne sur son offre de recevoir la COP 25 (...) C'est probablement dû à une opposition de l'équipe du président élu, qui a déclaré la guerre au développement durable à maintes reprises", a déploré dans un communiqué l'Observatoire du Climat, réseau d'ONG basées au Brésil.
Sortir de l’Accord de Paris
"En ignorant la question du climat, le gouvernement cesse également de protéger la population, touchée par un nombre croissant d'événements climatiques extrêmes, qui, malheureusement, ne cessent pas d'avoir lieu uniquement parce que certains mettent en doute leurs causes", a poursuivi cette organisation.
Le Président élu a laissé entendre qu'il pourrait, sous certaines conditions, faire sortir le Brésil de l'Accord de Paris sur le climat, alors que son pays détient 60 % de la surface de l'Amazonie, véritable poumon de la planète.
Jair Bolsonaro avait aussi déclenché un tollé lors de la campagne en promettant dans un premier temps la fusion des ministères de l'Agriculture et de l'Environnement, une décision sur laquelle il est revenu depuis. Un rétropédalage dû notamment à une pression du lobby de l'agro-business, craignant des sanctions commerciales de pays soucieux de la déforestation.
La Rédaction avec AFP