Publié le 28 avril 2016
ENVIRONNEMENT
Changement climatique et travail : une perte de productivité estimée à 2000 milliards $
Le changement climatique nuira à la productivité. Les fortes chaleurs ont effectivement des effets négatifs sur les conditions de travail, notamment dans les pays en développement, où le nombre d’heures travaillées va fortement se réduire. Cette perte de productivité pourra même atteindre les 20% dans des pays comme les Maldives ou le Cambodge.

Sabir Mazhar / ANADOLU AGENCY / AFP
Le changement climatique affecte d’ores et déjà les travailleurs dans les pays en développement. La raison? Les conditions de travail se détériorent en raison de la hausse des températures.
Selon une nouvelle étude publiée ce jeudi par l’Organisation Internationale du travail (OIT), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Climate Vulnerable Forum (groupe de 43 pays particulièrement vulnérables au changement climatique), la perte de la productivité due aux fortes chaleurs pourrait coûter 2000 milliards de dollars par an d’ici 2030.
Heures perdues, accidents, maladies, pertes d’emploi et migrations, les conséquences sur le travail sont nombreuses. "Cela ajoute une autre couche de vulnérabilité aux pays en développement déjà ébranlés par les effets néfastes du changement climatique" a réagi Cecelia Rebong, représentante permanente des Philippines auprès de l'ONU. "Quand il fait trop chaud, les gens travaillent moins efficacement à l’extérieur, dans les usines, au bureau ou en déplacement en raison de la diminution de leurs capacités physiques et mentales".
Un milliard de travailleurs, soit un tiers des travailleurs dans le monde, vont être particulièrement touchés, en Asie, en Afrique et en Amérique latine.
Les auteurs du rapport ont comparé plusieurs scénarios et simuler un réchauffement global de 1,5°C, 2,4°C, 2,7°C et 4°C à l’horizon 2085. Résultat : l’Inde subirait des pertes d’heures travaillées comprises entre 4,3 et 13,6%. Au Cambodge, ces pertes se situent entre 5 et 19%. Elles pourraient atteindre 18% aux Maldives dans un scénario à + 4°C. Et au Burkina Faso, entre 4 et 17% d’heures travaillées pourraient s’évaporer.
"Ce sont souvent les travailleurs les plus pauvres qui paient le prix ultime. Les travailleurs qui sont exposés à une chaleur extrême ont besoin d'avoir accès à un espace frais, de l'ombre, de l'eau, des vêtements de protection et de suffisamment de temps pour les pauses. Ceci est particulièrement vrai pour les personnes qui font un travail physique, par exemple dans les champs, les mines et les usines. Imaginez que vous travaillez dans une usine de chaussures au Vietnam ou de vêtements au Bangladesh quand il fait 35 °C. Les gouvernements et les employeurs doivent prendre cette question au sérieux et développer des réponses politiques efficaces et des mesures concrètes pour protéger les travailleurs" a quant à lui déclaré Philip Jennings, le secrétaire général d’UNI Global Union, fédération syndicale internationale des secteurs de services.