Publié le 20 février 2019
ENVIRONNEMENT
Affaire du siècle : l’État sera assigné en justice pour inaction climatique le 14 mars
C'est confirmé. Les quatre ONG qui avaient lancé la pétition la plus signée de l'histoire de France, vont déposer un recours contre l'État, le 14 mars prochain, pour inaction climatique. Elles estiment que l'État ne prend pas les mesures nécessaires pour lutter contre le réchauffement climatique. La date n'a pas été choisie au hasard. Du 14 au 17 mars, plusieurs mobilisations pour le climat vont être organisées, notamment par les jeunes, pour créer un Printemps climatique.

©Laliguedesanimaux/Twitter
Sans surprise, les quatre ONG qui voulaient attaquer l’État pour inaction climatique ont confirmé, mardi 19 février, déposer leur recours le 14 mars prochain auprès du Tribunal administratif de Paris. "Face à l'attentisme du gouvernement, notre détermination est inchangée : pour mettre fin à l'inaction climatique de l'État, l'Affaire du siècle se réglera devant les tribunaux", ont-elles indiqué dans un mail envoyé aux 2,1 millions de signataires et publié sur le site de la pétition devenue la plus populaire de l’histoire de France.
Les quatre associations (Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France) avaient adressé le 17 décembre une requête préalable au gouvernement, accusant l'État de "carence fautive" par son "action défaillante" pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Alors que l'État avait deux mois pour répondre, le ministère de la Transition écologique a publié vendredi une lettre accompagnée de dix pages d'argumentaires détaillant les actions de l'État en matière de lutte contre le changement climatique.
La réponse du gouvernement est "à côté de la plaque"
"Le gouvernement actuel est sans doute celui qui a poussé l'ambition le plus haut en fixant dès le début du quinquennat l'objectif d'atteindre zéro émissions nettes de CO2, soit la neutralité carbone, d'ici à 2050", défendait alors François de Rugy. "L'État français est parmi les plus actifs pour lutter contre le dérèglement climatique".
Une réponse qui n’a pas convaincu les ONG. "C'est un coup de communication", a réagi Antonin Laurent, chargé de mission pour Notre Affaire à tous. "Le gouvernement se rend compte que l'Affaire du siècle est un phénomène de société, il s'est donc senti obligé de répondre mais derrière, il n'y a rien de concret". "Sa réponse est à côté de la plaque", analyse l'avocat en droit de l'environnement Arnaud Gossement, "on lui demande de respecter ses objectifs, il répond par de nouveaux objectifs et une compilation des lois, stratégies et programmations déjà annoncées... La question est de savoir quels sont les moyens de les atteindre".
Une plainte et un printemps climatique
Les ONG plaident de leur côté pour "six grandes mesures prioritaires", notamment "une fiscalité socialement juste au service de la lutte contre le changement climatique", des actions en faveur de la rénovation énergétique des bâtiments, ou encore le développement des énergies renouvelables, de transports plus propres et d'une agriculture plus durable.
La date du 14 mars, jour du dépôt du recours n’a pas été choisie au hasard. Les ONG, en collaboration avec le collectif Citoyens pour le Climat veulent créer un Printemps climatique du 15 au 17 mars. Il débutera avec la mobilisation des jeunes, le vendredi 15 mars, née sous l’impulsion de Greta Thunberg, figure du mouvement, et se poursuivra, le 16 et le 17 avec une grande mobilisation dans les rues de France et des événements festifs ouverts à tous (carnaval, concert, plogging, plantation d’arbres, etc). "Le gouvernement manque d’ambition ? Nous non ! Notre capacité collective à répondre à la crise climatique déterminera ni plus ni moins les conditions de la vie sur Terre", pointent les quatre ONG.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP