Publié le 08 septembre 2023
ENVIRONNEMENT
35°C à Paris, 34°C à Limoges, 33°C à Rennes… : pour la première fois, une vigilance orange canicule est déclenchée en septembre
Jamais une vigilance orange à la canicule (le niveau 3 sur 4) n'avait encore été déclenchée en septembre. C'est désormais chose faite. 14 départements de l'Île-de-France et du Centre-Val-de-Loire sont concernés avec des températures qui devraient encore battre des records. Novethic fait le point sur les mesures mises en place.

DIMITAR DILKOFF / AFP
On ne s’arrête plus d’égrener les records. Météo-France a placé 14 départements en vigilance orange canicule ce vendredi 8 septembre, une première pour un mois de septembre depuis que le dispositif a été créé en 2004. Des températures très élevées sont attendues dans les régions Île-de-France et Centre-Val-de-Loire avec 35°C à Paris et Dijon, 34°C à Tours, Limoges et Clermont-Ferrand, 33°C à Rennes et Nantes, 32°C à Nancy et Lille. Une situation qui devrait durer jusqu’à dimanche.
14 départements en vigilance orange canicule.
Une première pour un mois de septembre.
C'est le monde réel.
Et ce n'est que le début.
On peut encore éviter le pire : sortir des énergies fossiles, développer l'agroécologie...
Agissons !https://t.co/I6IVWQdAx5 pic.twitter.com/c9cJT1jVKM— Anne Bringault @AnneBringault@piaille.fr (@AnneBringault) September 8, 2023
"C'est le monde réel. Et ce n'est que le début. On peut encore éviter le pire : sortir des énergies fossiles, développer l'agroécologie... Agissons !", réagit sur Twitter Anne Bringault, la coordinatrice du Réseau action climat. Elle fait ici référence à la phrase lancée par le patron de TotalEnergies, à l’université d’été du Medef fin août. Alors que le climatologue Jean Jouzel insistait sur l’importance d’arrêter d’investir au plus vite dans les énergies fossiles, Patrick Pouyanné lui a rétorqué : "Je respecte l’avis des scientifiques mais il y a la vie réelle"…
Parcs ouverts la nuit et musées gratuits
La vie réelle en cette semaine de rentrée, c’est cette canicule tardive. Toute la région Île-de-France est concernée. À Paris, une cellule de régulation sociale est activée pour identifier les besoins des personnes et proposer des visites à domicile. La cellule de régulation sanitaire est également mobilisée pour réaliser des entretiens approfondis d’évaluation médicale qui peuvent conduire à une intervention. Par ailleurs, la ville ouvre des salles rafraîchies dans toutes les mairies d’arrondissement, renforce ses maraudes et ouvre ses parcs et jardins toute la nuit pour permettre aux Parisiens de se rafraîchir. À Orléans, les quatre musées de la ville sont ouverts gratuitement pour que la population "profite de la fraîcheur dans un cadre culturel", a annoncé la mairie.
Du côté des écoles, aucun dispositif particulier n’est mis en place. En juin 2022, lors d’une vigilance canicule rouge, le ministère de l’Éducation nationale avait rendu l’école facultative dans les douze départements concernés. Ce même épisode caniculaire avait contraint le ministère à reporter les épreuves du brevet du collège "pour garantir la sécurité des élèves". Mais ce sont des décisions qui restent extrêmement rares. Hasard de calendrier, en début semaine, le chef de l’État a annoncé un plan qui vise à rénover plus de 40 000 bâtiments scolaires en dix ans. À Paris, pour parer au plus urgent, 3 200 fenêtres ont été changées cet été et certains toits peints en blanc comme c’est le cas pour la crèche Louis-Blanc dans le 10e arrondissement. On dénombre également 130 cours-oasis végétalisées.
"Cercle vicieux"
Les salariés quant à eux peuvent faire valoir leur droit de retrait en cas de "danger grave et imminent". Le code du travail ne prévoit rien de précis en cas de canicule, l’employeur doit simplement prendre "les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs". Le Conseil économique social et environnementale, ainsi que le syndicat CGT ont appelé à introduire un seuil de température au-dessus duquel un travailleur ne peut occuper son poste. En Grèce, le syndicat Peyfa, qui représente les gardiens de l'Acropole d'Athènes et des autres sites archéologiques, a pris les devants. Il a cessé le travail entre 16 heures et 20 heures pendant quatre jours en juillet en raison de la canicule, après avoir déjà subi des températures extrêmes à plus de 45°C.
Ces vagues de chaleurs, plus étalées dans le temps, sont liées au changement climatique causé par l'homme. "Sous l’effet du changement climatique, les épisodes de chaleur seront plus fréquents et plus intenses. Ils seront également plus précoces et plus tardifs. Le réchauffement climatique joue un rôle amplificateur et favorise une extension des vagues de chaleur au-delà de la saison estivale", explique ainsi Météo-France.
En outre, ces épisodes contribuent également à produire une importante pollution de l’air, ce qui a entraîné ces derniers jours des restrictions de circulation. Dans une étude publiée cette semaine, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) alertait sur le fait que "les vagues de chaleur détériorent la qualité de l’air, avec des répercussions sur la santé humaine, les écosystèmes, l’agriculture et même notre vie quotidienne", alimentant un véritable "cercle vicieux". L’OMM rappelle que la longue vague de chaleur qui a frappé l’Europe en 2022 a entraîné une augmentation des concentrations de particules et d’ozone troposphérique. "Ce que nous voyons en 2023 est encore plus extrême", s’inquiète l'organisme.