Publié le 30 novembre 2020
Avec la baisse du trafic aérien, due à la pandémie de Covid-19, le projet de navette directe entre Paris et l'aéroport Charles-de-Gaulle vient d'être jugé non indispensable par le tribunal administratif de Montreuil. Celui-ci vient d'annuler l'autorisation environnementale qui permettait à la ligne de déroger au code l'environnement et de traverser des zones où vivent des espèces protégées.

C’est un coup dur porté au projet Charles-de-Gaulles Express (CDG Express), cette navette directe qui doit relier la capitale à l’aéroport de Roissy en vingt minutes, dans les cartons depuis treize ans. Le tribunal administratif de Montreuil a jugé l’infrastructure non indispensable et ne répondant pas à des raisons impératives d’intérêt public majeur, annulant l’autorisation environnementale délivrée en février 2019. Dès lors, le chantier ne pourra pas traverser des zones où vivent des espèces protégées.
"Le tribunal a relevé qu’une dérogation ne peut être accordée à l’interdiction prévue par la loi de porter atteinte à des espèces protégées que s’il répond par sa nature et compte tenu des intérêts économiques et sociaux en jeu (….) à une raison impérative d’intérêt public majeur. Or, il a estimé qu’à la date de son jugement, et au vu des éléments du dossier, cette qualification ne pouvait être donnée au projet", peut-on lire dans la décision de justice rendue le 9 novembre dernier (1).
La baisse du trafic aérien en cause 
En cause, la forte baisse du trafic aérien dans le contexte de la crise sanitaire liée au Covid-19, et dont "le caractère purement transitoire ne peut être prédit" précisent les juges, et aussi au report de la mise en service de cette ligne après les Jeux Olympiques 2024. En outre, le tribunal a considéré que les études jointes au dossier ne permettent pas d’établir une amélioration certaine du confort des voyageurs du quotidien du RER B, une diminution du trafic routier, ou encore le renforcement de l’attractivité de la capitale, autant d’arguments mis en avant par les porteurs de projet (Groupe ADP, SNCF Réseau et la Caisse des dépôts, dont Novethic est une filiale).
Le tribunal avait été saisi par la ville de Mitry-Mory, traversée par le trajet de la ligne et opposée à ce train "pour les riches" (avec un billet simple à 24 euros) qui se fait au détriment selon elle des voyageurs du quotidien du RER B. La filiale gestionnaire d’infrastructure chargée du CDG Express a réagi dans un communiqué en annonçant que "les chantiers non concernés par cette dérogation se poursuivent", se réservant par ailleurs le droit de faire appel de la décision. Le projet doit voir le jour en 2025, le temps pour le secteur aérien d’éventuellement récupérer ses prévisions de trafic.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir la décision du tribunal administratif de Montreuil

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