Publié le 01 septembre 2019

ENVIRONNEMENT

[Bonne Nouvelle] La liste des animaux fragiles interdits de tout commerce international se renforce

La girafe, la loutre cendrée, le requin mako... Autant d'espèces qui sont désormais protégées par La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Telle est la décision prise au terme d'une réunion à Genève qui a regroupé plus de 180 pays et a été marquée par la colère de plusieurs pays africains.

Girafe protection Cites Wassiliy
La population de girafes a diminué de 40 % en 30 ans.
@Wassily

Les États membres du CITES se retrouvent tous les deux ou trois ans pour amender la liste des espèces sauvages - environ 36 000 à ce jour - régies par la CITES. La convention est chargée de vérifier la bonne mise en œuvre des décisions et peut imposer des sanctions. L’édition de cette année était très en vue après qu’un rapport de l'ONU, en avril dernier, ait mis en avant qu'un million d'espèces étaient menacées d'extinction à cause des activités humaines.

L'inscription de nouvelles espèces et l'interdiction du commerce international pour d'autres marquent "la reconnaissance de l'urgence", a salué la secrétaire générale de la CITES, Ivonne Higuero, lors de la conférence de presse de clôture. Parmi les animaux emblématiques, la CITES a introduit la girafe dans son annexe II - qui soumet le commerce international à des permis d'exportation à condition qu'il ne porte pas atteinte à la survie des animaux dans la nature.

Les délégués ont reconnu pour la première fois que le commerce de peaux, cornes, sabots et os de girafes constituait une menace pour la survie de l'espèce, dont la population a décliné en Afrique d'environ 40% en trente ans.

Des pays africains menacent de partir

Les experts ont aussi quasiment interdit le commerce international d'éléphants sauvages d'Afrique pour les mettre en captivité dans des zoos ou des parcs de loisirs. Le Zimbabwe, qui selon des ONG vend des éléphanteaux à la Chine, a tenté, en vain, de contrer le vote en séance plénière mardi 27. De plus, la CITES a aussi refusé d'autoriser la vente de stocks d'ivoire, dont le commerce international est strictement interdit depuis 1989.

Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, dont le pays traverse une grave crise économique, a dénoncé ces décisions via le quotidien d'État The Herald. "Le sort de nos animaux sauvages est discuté à Genève, un endroit sans rapport avec eux", s'est-il insurgé. La Tanzanie, qui s'exprimait au nom de dix pays, dont le Zimbabwe, le Botswana et l'Afrique du Sud, a déclaré que "le temps est venu de sérieusement considérer si notre appartenance à la CITES présente des avantages significatifs".

Cette option constitue "une grande inquiétude pour moi", a reconnu Yvonne Higuero. "Partir n'est pas une solution", a-t-elle ajouté. Si des pays se retirent de la CITES, ils doivent toujours remplir des obligations pour commercialiser des espèces à l'international. "Ce qu'ils n'ont pas c'est une chaise autour de la table" des négociations, assène Craig Hoover, président d'une des commissions. "Il est dommage de brandir la menace de partir" de la CITES, a commenté à l'AFP le Gabon, membre d'une coalition pour l'éléphant d'Afrique.

Requins, loutres, marsouins

En outre de la protection des animaux emblématiques du continent africain, 18 espèces de raies et de requins et trois de concombres de mer ont fait leur entrée à l'annexe II. Les requins makos, en particulier, très menacés, sont désormais protégés. La CITES a aussi renforcé la protection de deux espèces de loutres d'Asie, la loutre cendrée et la loutre à pelage lisse, très prisées au Japon comme animaux de compagnie.

Elle a également mis la pression sur le Mexique pour mieux protéger le vaquita, le plus petit marsouin au monde, dont il ne resterait qu'une dizaine de représentants, n'excluant pas des sanctions si rien de plus n'est fait d'ici un an.

Ludovic Dupin avec AFP


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

ENVIRONNEMENT

Biodiversité

Préserver la diversité des écosystèmes est indispensable pour gérer durablement les ressources de la planète. Quelles doivent être les conditions d’utilisation de ces ressources ? Peut-on breveter des plantes et pour quels usages ? Autant de questions posées au secteur cosmétique et pharmaceutique.

Protestation contre chalutiers geants ONG Bloom FRED TANNEAU AFP

Après les jets privés, un compte Twitter traque les méga-chalutiers qui épuisent les ressources

L’association de défense des océans Bloom vient de lancer Trawl watch, un compte Twitter permettant de suivre les pratiques des chalutiers dans les eaux françaises. Sur le modèle des comptes traquant les déplacements en jet privés, l’ONG espère braquer les projecteurs sur les impacts controversés de...

IStock @ratpack223 exploitation minière abysse océan fonds marin

Accord historique pour protéger la haute mer : pourquoi c'était inespéré après 15 ans de négociations

Les États membres de l'ONU se sont enfin mis d'accord sur le premier traité international de protection de la haute mer. Les négociations lancées il y a une quinzaine d'années ont abouti dans la nuit de samedi à dimanche 5 mars. Le texte, qui se veut contraignant, prévoit la création d'aires marines...

Laboratoire scientifiques pesticides tests autorisation iStock

L’État attaqué sur la toxicité des pesticides : "Nous sommes les cobayes de l’industrie"

Nouveau recours contre l'État. Une trentaine d'organisations et 28 députés ont saisi jeudi 2 février le Conseil d'État afin d'ordonner au gouvernement de respecter la règlementation européenne en matière d'évaluation des pesticides. Celle-ci exige de prendre en compte la toxicité de l'ensemble des...

Exploitation fonds marins moratoire Campagne Serpentine 2007 IFREMER VICTOR

La France, porte-voix d’un moratoire contre l’exploitation des fonds marins dans les eaux internationales

Mardi 17 janvier, les députés ont adopté à la majorité absolue une résolution visant à défendre un moratoire contre l’exploitation des fonds marins dans les eaux internationales. Une activité qui n’est pas aujourd’hui réglementée et qui fait l’objet d’un vif intérêt en raison des métaux contenus...