Publié le 14 octobre 2021

ENVIRONNEMENT

COP15 biodiversité : les États fixent 17 points pour guider les négociations dans la déclaration de Kunming

La déclaration de Kunming, document phare de cette première partie de la COP15 biodiversité, a été publiée le 13 octobre. Elle fixe dix sept grandes directions avant l'élaboration du nouveau cadre de protection de la nature en avril-mai 2022. Si des avancées ont été notées, le texte passe sous silence des points centraux, comme la protection d'un tiers des terres et des mers ou les méthodes de suivi. En amont, les États se sont engagés à rehausser les financements en faveur de la biodiversité.

Emmanuel macron capture d'écean @ELysée COP15 discours ouverture
Discours d'Emmanuel Macron, à l'ouverture de la réunion pour l'adoption de la déclaration de Kunming.
Capture d'écran @Elysée

C’était le document attendu de cette première partie de COP15, qui se tient en virtuel du 11 au 15 octobre. La déclaration de Kunming a été publiée le 13 octobre, après deux jours de réunion entre chefs d’États et ministres d’une centaine de pays. Le texte doit guider les négociations en présentiel qui se tiendront en avril-mai 2022 à Kunming en Chine. Cette deuxième phase de la COP15 doit permettre de fixer un nouveau cadre de protection de la biodiversité pour "vivre en harmonie avec la nature d’ici 2050".

Le texte fixe 17 objectifs généraux, comme l’élaboration "de mécanismes appropriés de suivi", la prise en compte "des valeurs de la biodiversité" dans les politiques ou les réglementations, la reconnaissance du rôle et des droits des peuples autochtones, l’intégration de la biodiversité dans les plans de relance, ou encore le développement des biotechnologies. "L'adoption de la Déclaration de Kunming est une indication claire du soutien mondial au niveau d'ambition élevé qui doit être reflété dans le cadre mondial de la biodiversité pour l'après-2020" a souligné Elizabeth Maruma Mrema, Secrétaire exécutive de la Convention de l'ONU sur la diversité biologique.

Un texte entre "avancées" et "silences"

"Nous notons des avancées", souligne le directeur de plaidoyer pour le WWF, Pierre Cannet. "Par exemple, la déclaration note la nécessité d’inverser la courbe de disparition de la biodiversité et d’assurer un chemin de restauration d’ici 2030. Le brouillon [publié début 2020, ndlr] évoquait seulement la nécessité de freiner la perte de la biodiversité". L’ONG félicite également la prise en compte des enjeux de consommation et de  production dans la préservation de la nature, ou encore la mise en exergue du lien entre santé et biodiversité.

Mais la déclaration laisse en suspens des questions centrales. Si le document souligne par exemple la nécessité d’étendre la surface d’aires protégées, l’objectif de mise sous protection de 30% des terres et des mers mentionné dans le premier jet a disparu. Le texte note cependant "l’appel de nombreux pays" à adopter cette ambition. Mais celle-ci ne fait pas l’unanimité. Le Brésil et l’Afrique du Sud ont déjà fait part de leur opposition à la mesure. Le WWF regrette également l'absence de détails sur la mise en œuvre des stratégies de restauration et de protection de la nature (suivi, méthodologie...) mais aussi sur la question essentielle des financements.

Les financements au cœur des annonces 

La question des financements a justement été au cœur des annonces qui ont précédé l’adoption de la déclaration de Kunming. La mobilisation de ressources pour les pays en voie de développement est au cœur des enjeux de cet COP15. La Chine a annoncé la création d’un fonds de soutien aux pays en développement doté de 230 millions de dollars et a invité d’autres pays à y contribuer. L’Union européenne a elle aussi indiqué doubler les financements extérieurs pour la biodiversité, soit environ 6 milliards d’euros, pour les pays "les plus vulnérables". Au cours de la réunion, le Fonds pour l’environnement mondial, en partenariat avec les programmes des Nations Unies pour l’environnement et le développement (PNUE et PNUD) s'est aussi engagé à "accélérer le soutien financer et technique" pour se "préparer à une mise en œuvre rapide" de la feuille de route dès son adoption l'année prochaine.

Dans un contexte où le lien entre climat et biodiversité est toujours plus mis en avant, la France a quant à elle rappelé son ambition de consacrer un tiers de ses financements pour le climat à la biodiversité. "À chaque fois que l’on recrée de la biodiversité, on protège nos populations du dérèglement climatique" a insisté Emmanuel Macron lors de son discours. Le Royaume-Uni entend suivre la même direction. Les discussions entre les chefs d’ États doivent reprendre lors d’une session organisée en janvier 2022 à Genève avant la deuxième phase de la COP15.

Pauline Fricot, @PaulineFricot 


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