Publié le 03 septembre 2021
ENVIRONNEMENT
Congrès de la nature à Marseille : un grand rendez-vous environnemental attendu depuis la pandémie
Du 3 au 11 septembre, Marseille accueille le Congrès mondial de la nature. C'est un rendez-vous clé qui doit permettre de préparer la COP 15 biodiversité en avril 2022. L'enjeu est majeur : aucun des objectifs de la décennie 2010-2020 n'a été pleinement atteint. Les associations environnementales sont mobilisées pour encourager les États à prendre des mesures ambitieuses.

@UICN
Les acteurs de la protection de la biodiversité poussent un soupir de soulagement. Le Congrès mondial de la nature, initialement prévu en juin 2020 puis reporté en raison de la pandémie, se tiendra comme prévu du 3 au 11 septembre au parc Chanot à Marseille. Organisé tous les quatre ans, il constitue cette année une étape cruciale avant la tenue de la COP15 biodiversité en avril 2022, où doit être adopté un nouveau cadre de protection pour la nature. Une première feuille de route, dévoilée par l'ONU mi-juillet, a fixé 21 cibles à atteindre d’ici 2030. Parmi elles, la protection de 30 % des territoires terrestres et maritimes, la réduction des niveaux de pollution ou la gestion durable et équitable des ressources naturelles.
Plusieurs milliers de représentants de gouvernements, de la société civile, des milieux universitaires ou du monde des affaires sont attendus pour discuter de ce nouveau fil conducteur. Si les discussions ne déboucheront pas sur des engagements de la part des États, c’est un moment clé pour influencer les négociations. "Notre objectif commun est d'inscrire la nature au sommet des priorités internationales" a déclaré dans un communiqué le président Emmanuel Macron, qui ouvrira le Congrès.
D'autres annonces doivent ponctuer la semaine, comme l'actualisation de la liste rouge de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), l'inventaire mondial le plus complet sur l'état de conservation des espèces.
Surmonter l’échec des Accords d’Aichi
L’enjeu du Congrès est d’autant plus grand que les États partent avec un train de retard : le bilan des objectifs d’Aichi qui fixait un cadre de protection de la nature pour la décennie 2010-2020 est catastrophique. Pas une seule des vingt ambitions n’a été pleinement atteinte. Pour 15 critères sur 60, aucune amélioration n’a été observée. Les subventions attribuées aux activités nuisibles à la nature ont par exemple atteint 500 milliards de dollars par an alors qu’elles devaient cesser et la destruction des zones de nature sauvage, des zones humides et des récifs coralliens s'est poursuivie.
Dans un rapport publié fin 2020 sur les perspectives mondiales de la diversité biologique, l’ONU a cependant noté quelques tendances encourageantes, comme la mise en place par les États de stratégies nationales pour la biodiversité, ou encore une proportion d’espaces protégés en hausse. Mais l’instance déplore que l'expansion de ces zones de protection se fasse parfois au détriment de leur qualité.
Les associations mobilisées
Pour faire le point sur les projets à mener de front lors du Congrès, le président Emmanuel Macron a accueilli le 31 août des représentants d'ONG environnementales. En amont, le WWF a fixé dix priorités "pour que cet événement serve la séquence de diplomatie verte", comme la fin des subventions dommageables à la nature, l'accroissement des financements pour la biodiversité ou encore l'obtention d'un engagement international pour lutter contre la pollution plastique. Le Réseau action climat a, quant à lui, rappelé le lien inextricable qu'il existe entre réchauffement climatique et biodiversité et encourage la France à prendre une "place de leader", en portant des ambitions fortes comme la lutte contre la déforestation importée.
À quatre jours de l’ouverture du Congrès mondial de la nature que la France accueille, j’ai souhaité réunir les représentants des ONG pour faire le point sur nos projets pour la biodiversité. Il nous faut conjuguer nos efforts pour réussir. Rendez-vous vendredi à Marseille ! pic.twitter.com/R6VwwBMSqw
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) August 31, 2021
Alors que le Congrès se tient cette année aux abords de la Méditerranée, Greenpeace rappelle la nécessité de relever le niveau de protection et d'ambition des aires marines protégées et appelle Emmanuel Macron à soutenir le moratoire contre l'exploitation minière en eaux profondes qui pourrait débuter en 2022 malgré les risques pour la biodiversité.
Les ONG entendent aussi mobiliser du grand public. Le mouvement "On est prêt" lance le 2 septembre une campagne avec des dizaines d’influenceurs et artistes dont Natoo, EnjoyPhoenix ou Shaka Ponk, pour informer sur les zones sauvages en France et la sixième extinction des espèces en cours.
Pauline Fricot, @PaulineFricot