Publié le 24 juillet 2017
ENVIRONNEMENT
Une super vache génétiquement modifiée pour résister au réchauffement climatique
Des chercheurs de l’université des sciences agroalimentaires de Floride ont reçu une bourse de 733 000 euros pour développer une vache adaptée au réchauffement climatique. Pour cela, ils comptent étudier les particularités génétiques de la race Brangus, naturellement résistante aux fortes chaleurs. Puis ils utiliseront la technique d’édition génomique, CISPR-CAS9, pour les exprimer chez d’autres bovins.

@DavidHart
Il y a ceux qui cherchent à lutter contre le réchauffement climatique en limitant les émissions de gaz à effet de serre. Et il y a ceux qui, constatant qu’un réchauffement de la planète – même limité – est inéluctable, veulent s’y adapter. C’est le cas des chercheurs de l’institut des sciences agroalimentaires de l’université de Floride. Fin juin, ils ont annoncé le développement d’une "vache du futur", selon leurs propres mots, capables de résister au réchauffement climatique, tout en préservant les qualités de la viande et du lait.
"Le stress thermique est un facteur principal qui limite la production de protéines animales et affecte négativement la santé et le bien-être des bovins dans les régions subtropicales et tropicales, et son impact devrait augmenter considérablement en raison du changement climatique", explique le Dr Raluca Mateescu qui dirige ce projet. "Le développement de stratégies efficaces pour améliorer la capacité à faire face au stress thermique (permettra) d’assurer des approvisionnements alimentaires globaux", ajoute-t-elle.
40 % des troupeaux exposés à de fortes chaleurs
Il faut dire que le sujet est prégnant aux États-Unis puisque près de 40 % des troupeaux sont déjà exposés à des climats chauds. Dans le monde, ce taux atteint 50 %. Les scientifiques ont reçu une bourse de l’État de 733 000 dollars pour lancer la première phase de leurs recherches. Il s’agit d’étudier le génome d’une race naturellement résistante aux fortes chaleurs, la Brangus, un croisement d’Angus et de Brahmane.
With a $700K federal grant, @UF scientists work to develop heat-resistant "cow of the future": https://t.co/a71I2O0MpL. pic.twitter.com/jFIn5OVJ5P
— UF IFAS Solutions (@UF_IFAS) 2 juillet 2017
Leur travail va consister à identifier les particularités génétiques qui permettent à cette race bovine de réguler efficacement sa température corporelle. Il serait ensuite possible de faire varier les particularités génétiques d’autres races de la même manière pour les doter de cette caractéristique. Pour cela, les chercheurs veulent utiliser, dans un second temps, la technique d’édition du génome CISPR-Cas9.
Cette technologie révolutionnaire, massivement employée depuis le début de la décennie pour la recherche médicale, permet facilement et précisément d’inactiver ou de modifier des gènes. Contrairement à l’acception large des organismes génétiquement modifiée (OGM), il ne s’agit pas de créer des chimères en mixant l’ADN d’espèces différentes mais "seulement" de modifier les informations existantes.
L'Europe veut encadrer l'édition génomique
Cette méthode d’édition du génome soulève toutefois des inquiétudes jusque dans les rangs des chercheurs en biologie. Ils s’interrogent sur la puissance de cet outil capable de modifier massivement le vivant. L’Union européenne est en train de réfléchir à une redéfinition des OGM étant donné l’évolution rapide des technologies à l’image de la technologie CRISPR-Cas9.
C’est la première fois au monde que l'édition génomique est employée pour atténuer les effets du changement climatique chez des êtres vivants. À coup sûr, il s’agit d’un signal faible qui laisse entrevoir des initiatives similaires à l’avenir partout dans le monde.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin