Publié le 5 juin 2018
Kaput Monsanto. Le géant allemand de la chimie, Bayer, qui vient de racheter Monsanto, a décidé de supprimer le nom de l'entreprise américaine. Bayer, même s'il n'a pas officiellement avancé de raison, veut gommer la mauvaise image de la marque de pesticides auprès du grand public. 

Monsanto va disparaître. Fini les OGM, les pesticides, les semences et le Roundup ? Pas vraiment. Bayer, qui vient de racheter la firme américaine, a décidé de supprimer son nom. "Bayer demeurera le nom de l’entreprise. Monsanto en tant que nom d’entreprise ne sera pas maintenu", a indiqué Bayer dans un communiqué"Les produits issus de l’acquisition conserveront leurs noms de marque et feront partie du portefeuille de Bayer", précise-t-il.
Le rachat, évalué à 63 milliards de dollars, sera acté le 7 juin. Les verrous juridiques ont tous sauté lorsque, le 31 mai, quelques mois après Bruxelles, la justice américaine a donné son autorisation à l’union de l’Allemand Bayer et du géant Monsanto. La suppression du nom de Monsanto, même s’il a été annoncé, n’a par contre pas été justifiée. Mais son interprétation semble évidente.
"On se souviendra toujours de l’Agent Orange ou du Roundup"
Bayer veut atténuer la mauvaise réputation du géant des pesticides. "Bayer ne va pas balayer 50 ans de passif de Monsanto en changeant de nom. On se souviendra toujours de l’Agent Orange ou du Roundup. Bayer met en jeu son image, Monsanto, aux yeux du grand public, c’est le grand méchant. Nous continuerons s’il le faut à parler de Bayer-Monsanto", réagit Mathilde Théry de la Fondation Nature et l’Homme. 



L’occasion pour Bayer de mettre de l’ordre
Changer de nom ou supprimer un des deux lors d’une fusion contribue à effacer le passif d’une entreprise. Plusieurs groupes s’y sont déjà essayés. En 2005, pour tourner la page d’un passé trop sulfureux entaché d’affaires, le Crédit Lyonnais est devenu LCL. Spanghero empêtré dans un scandale de viande de cheval s’est renommé La Lauragaise. France Telecom s’est transformée en Orange pour acquérir une appellation plus internationale, mais aussi se détacher de la vague de suicide trop associé à l’ancienne dénomination.
"La question est de savoir si Bayer va se contenter d’une opération économique et de communication ou s’il va changer en profondeur les pratiques de Monsanto", s’interroge Patrick d’Humières, expert en RSE. "Supprimer son nom pour continuer à faire la même chose ne trompera personne. Bayer a l’occasion de mettre de l’ordre, d’aller au fond du sujet. Le groupe a la chance de faire entrer la chimie dans l’ère du durable, espérons qu’il le fasse", conclut le spécialiste. 
Marina Fabre @fabre_marina 

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