Publié le 02 février 2023
ENVIRONNEMENT
Leclerc, Intermarché, Auchan… Le classement des supermarchés accusés de freiner la transition alimentaire
Ce sont les rois de l'alimentation. Les supermarchés ont un rôle clé dans la transition vers une alimentation durable. Or, selon un nouveau rapport du Réseau Action Climat, ces derniers freinent cette transition plutôt que de la porter. En cause notamment, les multiples offres promotionnelles sur les produits d'origine animale ou à base de viande qui pèsent beaucoup dans l'empreinte carbone des Français. Parmi huit distributeurs, c'est Leclerc qui obtient la plus mauvaise note.

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Quel est le rôle des distributeurs comme Auchan, Carrefour, Casino ou encore Lidl dans la transition vers une alimentation durable ? La fédération d’associations Réseau action climat (RAC) vient justement de publier une étude, ce 2 février, sur les actions des principales chaînes de supermarchés français sur l’alimentation durable et le climat. Car l’enjeu est de taille : 24 % de notre empreinte carbone en France provient de l’alimentation. Si des efforts sont réalisés, globalement, les résultats de l’enquête sont mauvais. Selon le RAC, aucune enseigne n’est à la hauteur. Pire elles "sont aujourd'hui davantage un frein qu'un moteur à la transition alimentaire et à la lutte contre le changement climatique", écrit le collectif.
Trois critères ont été appliqués : la transparence de l’enseigne, les engagements et plans d’action et la promotion d’une alimentation durable. Si certains distributeurs s’en sortent mieux que d’autres, comme Carrefour, avec une note de 9/20, Leclerc est en bas du classement avec un 5,8/20.
BREAKING
On a noté les supermarchés selon 40 indicateurs liés au climat et à l’alimentation durable.
Résultat : toutes les enseignes sont loin du compte et ne nous aident vraiment pas à avoir une alimentation durable.
En savoir + et agir : https://t.co/swTO5odUm9 pic.twitter.com/k0aWMgiren— Réseau Action Climat (@RACFrance) February 2, 2023
Principal reproche adressé aux distributeurs : la multiplication des publicités et des promotions incitant à acheter de la viande et des produits laitiers. Or aujourd’hui, 72 % des émissions liés à l'alimentation proviennent de notre consommation de produits d’origine animale. "On a l'idée que le consommateur est souverain et libre de ses choix, mais outre les contraintes économiques de son pouvoir d'achat, il est aussi contraint par la nature de l'offre qui lui est proposée et par les stratégies de la distribution", explique à l'AFP Benoît Granier, responsable alimentation du réseau.
Arrêter de promouvoir la viande
D’autant que la viande et les produits laitiers vendus en supermarchés sont issus en "immense majorité" de modes de productions intensifs, estime le RAC. Preuve en est, selon l’association, plus de neuf plats préparés sur dix vendus en grande surface contiennent de la viande ou du poisson. Le RAC demande notamment aux enseignes de cesser de promouvoir les produits d'origine animale ou à base de viande, comme les nuggets, burgers ou pizzas, "sauf pour les produits biologiques et Label Rouge", et de promouvoir une alimentation plus végétale, "en particulier les légumes secs et autres produits à base de protéines végétales de bonne qualité nutritionnelle".
Il les exhorte aussi à "arrêter de déprécier la valeur de l'alimentation et de véhiculer l'idée que l'alimentation est un poste de dépenses à compresser au maximum pour consommer davantage d'autres types de produits". "La grande distribution assène le message que le juste prix est le prix le plus bas, mais cela entraîne une dépréciation de la valeur de l'alimentation", observe encore Benoît Granier. Étant donné l’ampleur des changements requis, le RAC demande aux pouvoirs publics de se saisir du sujet.
Le collectif propose notamment de rendre obligatoire un étiquetage des produits alimentaires indiquant les impacts environnementaux et le mode d’élevage, d’interdire la publicité sur les produits d’origine animale ou à base de viande et d’encadrer le taux de marge appliqué par la grande distribution sur les produits bio. Pour rappel, en 2017, l'association UFC Que Choisir avait calculé que les marges brutes de la grande distribution sur les fruits et légumes étaient deux fois plus élevées pour le bio que le conventionnel, rendant l'accès à ces produits difficile.
La rédaction avec AFP