Publié le 22 décembre 2017
ENVIRONNEMENT
Le pouvoir des agriculteurs sort renforcé des États généraux de l'alimentation
Les États généraux de l'alimentation, se sont terminés jeudi 21 décembre. Ont-ils joué leur rôle ? Les graines ont en tout cas été semées. Désormais le prix de vente sera construit à partir du coût de production, les agriculteurs proposeront eux-mêmes leurs contrats aux distributeurs, et les promotions seront encadrées pour mettre fin à la guerre des prix. Des engagements qui vont dans le bon sens. Reste à savoir si tous les acteurs tiendront leur parole.

Matignon
Cinq mois après le lancement des États généraux de l’alimentation, c’est l’heure du bilan. Le gouvernement a-t-il réussi à rassembler les acteurs des filières, à les coordonner et surtout, à mieux répartir la valeur ? Car on le sait, les agriculteurs français vivent une crise. Un sur trois gagne moins de 350 euros par mois. L'exécutif a donc voulu leur redonner du pouvoir face aux transformateurs et distributeurs.
"Les promotions ne peuvent se faire au détriment des producteurs"
Désormais, ce ne seront plus les distributeurs qui établiront les contrats mais les agriculteurs, formés en organisations de producteurs. De même, Emmanuel Macron l’avait promis le 11 octobre à Rungis, "nous modifierons la loi pour inverser la formation du prix qui partira du coût de production". Ainsi, le prix de vente sera construit à partir du coût de production et non l’inverse. Le projet de loi doit être voté d’ici la fin du moins de juin 2018.
Deux autres mesures vont être testées pendant deux ans et feront l’objet d’une ordonnance. Il s’agit d’abord du relèvement du seuil de revente à perte de 10 %. Le rôle de ce dernier est de fixer un prix en dessous duquel un distributeur ne peut vendre un produit. Cette revalorisation permettra de limiter la guerre des prix.
Toujours pour lutter contre les prix bas, il est prévu d'encadrer les promotions commerciales des grandes surfaces. Les promotions ne pourront excéder 34 % du prix de base et 25 % du volume annuel vendu. "Ces promotions ne peuvent se faire au détriment des producteurs", a tranché le Premier ministre Édouard Philippe.
Passer des engagements à la mise en oeuvre
Mais attention, "une augmentation des prix sans contrepartie pour les consommateurs et les producteurs ne serait pas acceptable", a prévenu la secrétaire d’État à l’Économie, Delphine Gény-Stephann. Ainsi le projet de loi, les ordonnances ainsi que l’enveloppe de 5 milliards d’euros dédiée au secteur agricole seront menés jusqu'au bout à condition que les plans de filière demandés par Emmanuel Macron soient satisfaisants. "Tout ne doit pas venir de l’État", prévient une source ministérielle.
Le 19 décembre, la quasi-totalité des filières ont ainsi rendu leur copie au gouvernement. Les cabinets doivent encore les examiner et les associations participer aux concertations. "Les états généraux se sont clôturés mais un chapitre immense s’ouvre, celui de la mise en œuvre", a rappelé une source ministérielle.
Reste un écueil qu'il va être difficile d'éviter : s'approvisionner à l'étranger. C'est ce que pourrait faire la grande distribution ou même les consommateurs pour éviter de répondre aux nouvelles règles du jeu pour les premiers, de payer plus pour les deuxième. À cet égard le gouvernement réfléchi à un "label français" qui sera gage de qualité pour les consommateurs.
Plane aussi, sur ces conclusions, la crainte d'une mésentente gouvernementale. Pourtant à l'origine de cette réflexion sur l'agriculture, le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a été remarqué par son absence. Celle-ci témoignerait du regret que les considérations environnementales, comme la question du glyphosate, aient été reléguées à une phase ultérieure.
Marina Fabre @fabre_marina