Publié le 09 octobre 2019

ENVIRONNEMENT

Lubrizol : le cauchemar des agriculteurs se prolonge dix jours après l’incendie

Il y a dix jours, une "marée noire" survolait le ciel de Rouen et ses alentours à la suite de l'incendie de l'usine de produits chimiques Lubrizol. Depuis, les agriculteurs ont interdiction de vendre leurs récoltes et les éleveurs doivent jeter des millions de litres de lait. Les pertes financières sont énormes en attendant le résultat des analyses. Si le ministère de l'Agriculture et l'usine Lubrizol se sont engagés à indemniser les agriculteurs, pour l'instant, ces annonces se font attendre. 

L agriculture en berne incendie usine lubrizol LOU BENOIST AFP
Les agriculteurs attendent toujours la levée des restrictions les concernant.
LouBenoist/AFP

Les agriculteurs toujours à l’arrêt. Dix jours après l’incendie de l’usine Lubrizol à quelques kilomètres de Rouen, les restrictions sont maintenues jusqu’au 11 octobre. C’est ce qu’a annoncé le préfet de Seine-Maritime, Pierre-André Durant lors d’une conférence de presse, qualifiant cette semaine de "décisive" concernant les analyses sur les produits agricoles.

Les maraîchers dont la production n’a pas été cultivée sous serre ne peuvent pas vendre leurs récoltes. Même chose pour les éleveurs qui doivent jeter des millions de litres de lait dans leur fosse à lisier pour respecter les restrictions. "En Seine-Maritime, on estime que ce sont 700 000 litres qui sont jetés par jour. Sur les 16 jours minimum que ça peut durer, ça fait déjà plus de 4 millions d'euros de lait jeté. Donc les indemnités vont être faramineuses", témoigne auprès de l’AFP Aline Catoire, vice-présidente de la chambre d'agriculture du département. Selon les Échos, les pertes liées à l’arrêt de la collecte s’élèveraient à 3 millions d’euros.

 

Lubrizol s'engage à aider les agriculteurs lésés

Au total, selon la Fédération nationale des producteurs de lait, plus de 500 éleveurs sont concernés par ces restrictions sur le lait. Cette dernière a décidé de débloquer un million d’euros pour aider les agriculteurs en septembre mais ne réitérera pas l’opération au mois d’octobre. "Il ne s’agit pas de se substituer aux indemnisations des assurances, ni à la responsabilité de l’État… mais bien d’agir dans l’urgence et de pallier les problèmes de trésorerie pour soulager les éleveurs", a indiqué Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la FNPL.

Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume s’est engagé le 1er octobre à indemniser totalement les 1 800 agriculteurs affectés par les retombées de suie via le Fond de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE). Pour l’instant, aucune indemnisation n’a été effectuée. D’autant que la ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne a déclaré ce 8 octobre sur les ondes de RMC, "La responsabilité première est celle de l’industriel. On est sur un principe de pollueur-payeur et l’industriel devra indemniser les riverains et les agriculteurs".

Vendredi 4 octobre, Lubrizol a indiqué participer à la "réparation des conséquences de l’incendie". Cela comprend notamment une aide "aux agriculteurs dont les récoltes ont pu être touchées par des suies" via un dispositif opérationnel appelé Lubrizol Solidarité. Pour l’instant, les modalités de mises en œuvre sont encore à l’étude. 

Marina Fabre, @fabre_marina


© 2023 Novethic - Tous droits réservés

‹‹ Retour à la liste des articles

ENVIRONNEMENT

Agriculture

Avec ou sans pesticides, bio ou OGM, les modes de production agricole jouent un rôle déterminant sur la biodiversité et la pollution. Le développement massif de monocultures comme celle de l’huile de palme dans certaines régions entraine des problèmes variés dont la déforestation.

Vaches elevage istock

Réduction du cheptel : la seule transition possible pour les éleveurs bovins

C'est l'un des secteurs les plus difficiles à transformer. Et les réactions au rapport de la Cour des comptes, qui préconise de réduire la taille du cheptel en France, en sont un bon indicateur. Pour les éleveurs, déjà acculés par une situation économique fragile, s'aligner avec les objectifs...

Atlas des pesticides 2

Infographie : La consommation mondiale de pesticides a explosé de 80 % depuis les années 90

La consommation de pesticides a explosé depuis les années 90, et seulement quatre grands groupes - Syngenta, Bayer, Corteva et BASF - se partagent 70 % du marché. C'est le constat alarmant que dresse l'Atlas des pesticides.

Castro County Sheriff s Office

18 000 vaches brûlées vives, symbole des excès de l’élevage industriel

18 000 vaches ont péri dans l'incendie d'une méga-ferme industrielle dans le Texas, aux États-Unis, le 13 avril. La surchauffe d'un appareil et la concentration de méthane seraient à l'origine de l'accident, qui jette une lumière crue sur les dérives de ces exploitations géantes.

Glyphosate france AFP JEAN FRANCOIS MONIER

Le Luxembourg, premier pays à interdire le glyphosate, fait machine arrière face à Bayer

C'est un symbole. Le Luxembourg est contraint par une décision de justice à réautoriser le glyphosate sur son territoire alors que cet herbicide controversé y était interdit depuis le 1er février 2020. De quoi ravir les géants de l'agrochimie comme Bayer qui se félicitent de ce retour en arrière....