Publié le 07 décembre 2020
ENVIRONNEMENT
La ferme des 1 000 vaches va fermer ses portes
La ferme picarde dite des 1 000 vaches ferme le robinet à lait. Plus aucun litre ne sortira de l'exploitation à partir du 1er janvier. Alors que les opposants à cette "ferme usine" symbole de l'industrialisation de l'élevage crient victoire, pour la ferme, qui n'a jamais pu détenir 1 000 vaches par manque d'autorisation, c'est un énorme gâchis.

Novissen
C’est un symbole de l’élevage intensif qui vient de s’effondrer. Dans une déclaration à l’AFP, un porte-parole de la ferme picarde dite "des 1 000 vaches", a annoncé arrêter la "collecte du lait à partir du 1er janvier 2021". C’est la fin d’un feuilleton de plus d’une dizaine d’années et surtout un échec pour Mathieu Ramery, l’entrepreneur à la tête de l’exploitation. Cette "ferme usine" comme ses opposants l’appelle, fait l’objet depuis des années des critiques des associations environnementales et de bien-être animal.
La pression est telle qu’aucune laiterie française n’a accepté de travailler avec la ferme des 1 000 vaches. C’est le belge Milcobel qui collectait son lait jusqu’ici mais lui-même compte réorienter son activité. Surtout, la SCEA Cote de la Justice n’a jamais eu l’autorisation d’exploiter 1 000 vaches dans sa ferme. "Si nous avions eu 1 000 vaches, le modèle était viable. Il était intéressant car il permettait aux éleveurs de se regrouper et aux équipes de tourner (...) Or, nous n'avons pas obtenu l'autorisation", a déploré le porte-parole à l’AFP
Un "modèle économique destructeur"
Ouverte en septembre 2014 à Drucat, près d'Abeville (Somme), l'exploitation géante avait fait l'objet d'un long combat judiciaire. Fin 2019, la justice avait obligé le site à ramener son cheptel à 500 bovins, et payer des pénalités pour avoir dépassé "de 59 %" l'effectif fixé par l'État. Elle possède aujourd’hui 880 vaches qui vont être vendues ou envoyées à l’abattoir. D’ici là, elles vont entrer dans l'étape de "tarissement, c'est-à-dire la modification de leur alimentation pour qu'elles produisent moins de lait", a indiqué ce porte-parole.
Contacté par l'AFP, le porte-parole de l'association Novissen, farouchement opposé au projet, s'est dit "satisfait de constater que l'État de droit est enfin respecté". "C'est une page qui se tourne" après "un long combat de 10 ans", a réagi Francis Chastagner, saluant "une décision importante aussi pour tous les autres combats contre des projets industriels similaires actuellement en route", et qui va "encourager les collectifs et associations à ne pas désespérer".
La Confédération paysanne a elle aussi salué une "victoire majeure" contre "un symbole de l'industrialisation de l'agriculture". "Ce modèle économique destructeur pour les paysans, la vie des territoires et la planète n'est pas viable", a-t-elle écrit sur Twitter.
Ce modèle démontre aujourd'hui son incapacité à être viable alors qu'il est hors la loi depuis ses débuts et qu'il accapare un montant d'aides Pac monstrueux ! 3 petites fermes valent mieux qu'une grande !
Des fermes pas des usines ! Nos slogans résonnent aujourd'hui fortement https://t.co/zh6gO3IdDs— Nicolas Girod (@NicolasGirod3) December 4, 2020
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP