Publié le 27 avril 2020
ÉNERGIE
Sept milliards d’euros pour sauver Air France, qui doit devenir la compagnie aérienne la plus respectueuse de l'environnement
La France est bien décidée à ne pas laisser mourir Air France qui ne réalise aujourd’hui que 2 à 3 % de son activité normale. Pour l'aider, ce sont sept milliards d’euros, sous forme de prêts directs ou bancaires, qui seront mis à disposition de l’entreprise. En échange le ministre de l’Économie, Bruno le Maire attend de l’entreprise un retour en matière de compétitivité et de transition énergétique.

@AirFrance
"Il faut sauver notre compagnie nationale", a lancé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire vendredi 24 avril. C’est pourquoi celui-ci a annoncé un plan de sauvetage qualifié d'"historique", alors que plus 95 % de l’activité de l’entreprise est à l’arrêt. L'enveloppe totale est dotée de sept milliards d'euros sous forme de prêts qui se décomposeront en quatre milliards de prêts bancaires garantis à 90 % par l'État et trois milliards de prêts directs.
L’Exécutif précise en revanche que tout plan de nationalisation d’Air France est écarté, sachant que l’État français possède 14 % de la société, tout comme les Pays-Bas. De son côté, le ministre des Finances néerlandais, Wopke Hoekstra, a promis 2 à 4 milliards d'euros d'aide publique pour KLM. Au total, le groupe aérien franco-néerlandais va pouvoir compter sur une enveloppe de 9 à 11 milliards d'euros pour traverser la crise historique du secteur aérien.
Pas de "chèque en blanc"
Il s’agit de sauver "les 350 000 emplois directs et indirects qui vont avec", assure le ministre français, tout en précisant que ce soutien "n'est pas un chèque en blanc". "Nous avons fixé des conditions à Air France. Des conditions de rentabilité, car c'est l'argent des Français donc il faut qu'Air France fasse un effort pour être plus rentable et des conditions écologiques. Air France doit devenir la compagnie aérienne la plus respectueuse de l'environnement de la planète. C'est la condition à laquelle je suis le plus attaché".
Une précision de l’Exécutif qui fait suite aux critiques d’ONG et de parlementaires. Dans le cadre de son projet de loi de finance rectificative qui vise une aide de 110 milliards d’euros pour l’économie, 20 milliards sont destinés aux grandes entreprises françaises. De nombreuses voix se sont élevées pour demander des contreparties aux bénéficiaires. C’est un amendement LREM quoi a été adopté. Celui-ci demande que les entreprises "intègrent pleinement et de manière exemplaire les objectifs de responsabilité sociale, sociétale et environnementale dans leur stratégie, notamment en matière de lutte contre le changement climatique".
50 % de CO2 en moins
Pour l’heure, des ONG critiquent la faiblesse des contreparties demandées à Air France, tandis qu’en interne, on assure que l’entreprise est déjà en pointe sur la transition énergétique. Une ambition confirmée par la ministre de la Transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne. "J'ai eu un entretien dès la semaine dernière avec les dirigeants d'Air France pour acter les engagements écologiques qui seront pris par la compagnie. C'est à la fois réduire les émissions de CO2 par passager, réduire de 50 % les émissions de CO2 sur les vols domestiques d'ici 2024", explique-t-elle. "Cela passe par un renouvellement de la flotte pour avoir des avions qui polluent moins, l'utilisation de bio-carburants que je soutiens, et une réflexion en France sur le réseau d'Air France en particulier quand il y a des alternatives ferroviaires de moins de 2h30", a-t-elle précisé.
Reste que le cas d’Air France est loin d’être réglé puisque si Ben Smith salue ce soutien public "indispensable", il estime qu’aucun retour à la normale n’est envisagé avant deux ans. "Cela dépendra de la réouverture des frontières, mais aussi du temps qu'il faudra à nos clients pour revenir dans les avions", explique-t-il. En revanche, l'entreprise compte reprendre dès le 11 mai ses vols intérieurs, en particulier à destination de Brest, Bordeaux et Montpellier.
Ludovic Dupin @LudovicDupin