Paris sera-t-elle privé d’une des formes de mobilité de demain ? Les tests publics des Sea Bubbles, ces taxis électriques qui survolent la Seine, devaient avoir lieu cet automne. Ils ont finalement été ajournés. "Le Port de Paris nous a demandé 1 000 euros par jour, sans les frais d’électricité, pour installer le dock d’attache des Sea Bubbles", explique à Novethic l’inventeur de ces "taxis volants", le navigateur Alain Thébault.
Face à cette lourdeur financière et administrative, la startup 100 % française a décidé de se tourner vers le Lac Léman en Suisse, où "nous sommes accueillis à bras ouverts par la Présidente (Doris Leuthard, ndr), les usines et tout l’écosystème environnant", estime Alain Thébault.
Le lac Léman, ce n’est pas la Seine
La startup avait pourtant reçu l’aide d’Anne Hidalgo. En juin, la maire de Paris avait d’ailleurs pu tester en avant-première un des prototypes. Elle était alors enthousiaste : "C’est silencieux, c’est confortable, c’est ludique", avait-elle déclaré. Il faut dire que cette mobilité de demain répond totalement à ses exigences environnementales. Les Sea Bubbles ne rejettent aucune émission de CO2, ils ne font aucun bruit et ne provoquent presque pas de vagues.
"C’est l’avenir", affirme Serge Orru, chargé des questions environnementales à la Mairie de Paris. "Paris ne va pas passer à côté et Sea Bubbles n’a pas dit qu’il allait abandonner !", affirme-t-il. "C’est normal qu’Alain Thébault soit impatient, c’est un champion, il a envie d’aller vite. Mais le lac Léman, ce n’est pas la Seine. Il n’y a pas le même trafic, ce n’est pas un couloir étroit où la vitesse est limitée", explique-t-il.
La maire a décidé de mettre en oeuvre des solutions pour garder l’entreprise dans la capitale. Sur tweeter, elle assure qu’elle réunira les parties prenantes pour passer outre les obstacles financiers et administratifs.
Je réunirai prochainement tous les acteurs de ce dossier pour que nous parvenions ensemble à un consensus.
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 21 octobre 2017
"La France a la filière inventive mais la Suisse, elle, est toujours à l’heure".
“Il faut bien comprendre que Sea Bubbles, c’est un nouveau système. Il est normal qu’il bouscule l’ordre ancien. Quand Paris est passé de la civilisation hippomobile à automobile, il a fallu plus d’un jour", souligne Serge Orru.
De son côté, Sea Bubbles ne cherche pas la polémique. La startup signe des contrats aux quatre coins du monde. Elle s’apprête d’ailleurs à collaborer avec une grande entreprise aux États-Unis pour développer une bulle autonome. "Qu’on démarre à Paris, à Pékin, à Bangkok ou à Genève, ça ne change rien, c’est toujours un pas en avant pour le climat", résume le navigateur français. "C’est juste désolant pour mon pays car ce sont les emplois de demain qu’ont créé aujourd’hui. La France a la filière inventive mais la Suisse, elle, est toujours à l’heure", se désole-t-il.
Après ce bad buzz pour la capitale française – qui serait même parvenu aux oreilles d’Emmanuel Macron à en croire une source proche du dossier-, espérons que Paris saura remettre ce dossier à flot.
Marina Fabre @fabre_marina