Publié le 09 septembre 2018
ÉNERGIE
Mobilité durable : Strasbourg sacrée capitale du vélo, Marseille et Nice mauvais élèves
Greenpeace a publié un baromètre de la mobilité durable dans 12 grandes villes françaises. L’ONG a passé au crible les mesures prises pour limiter la circulation de véhicules polluants et pour encourager les alternatives. Résultat : aucune ville n’est performante sur les deux fronts en même temps.

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Où fait-il bon se déplacer autrement qu’en voiture ? C’est ce qu’a cherché à savoir l’ONG Greenpeace dans un baromètre publié pendant les vacances (1). Douze grandes villes françaises - Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Nice, Paris, Rennes, Strasbourg et Toulouse – ont été jugées à l’aune des mesures qu’elles ont prises pour restreindre d’une part les voitures polluantes, et d’autre part encourager les changements de comportement et inciter à troquer sa voiture contre les transports en commun ou le vélo.
Conclusion de l’étude : si certaines villes sortent du lot sur l’un ou l’autre des critères mesurés, aucune n’est performante sur les deux fronts en même temps. Et la plupart doivent passer à la vitesse supérieure. C’est le cas de Toulouse, Bordeaux, Lyon, et Lille, qui se sont engagées à mettre en place une zone à circulation restreinte permanente mais qui ne sont pas passées aux actes. Mais aussi de Marseille, Nice, Rennes et Montpellier qui n’en sont même pas au stade de l’engagement.
Strasbourg, Paris et Nantes arrivent en tête du classement
La capitale alsacienne, qui développe une politique favorable au vélo depuis une trentaine d’années, fait figure d’exception dans le paysage français même si les associations locales de cyclistes jugent sa performance "moyenne, voire médiocre en comparaison de nombreuses villes du Pays de Bade et de Suisse". Avec ses 600 kilomètres de pistes cyclables, ses 19 000 arceaux de stationnement et une part modale du vélo de 16 % (contre 3% en moyenne dans l’Hexagone), Strasbourg obtient la meilleure note pour ce qui est de l’incitation à passer aux deux-roues.
Paris est quant à elle distinguée pour sa politique de limitation des véhicules les plus polluants. Une zone à circulation restreinte est déjà en place pour les voitures les plus anciennes de manière permanente. Et la capitale s’est fixé l’objectif d’une ville zéro véhicule diesel en 2024 puis zéro véhicule essence en 2030 dans le cadre de son nouveau Plan climat. À l’inverse, Paris est considérée comme étant très en retard sur le vélo. Cela pourrait changer avec la dynamique impulsée par la maire Anne Hidalgo.
Enfin, Nantes est mise en avant pour la très bonne qualité de ses transports en commun. “Plusieurs mesures intéressantes ont été engagées, comme une politique tarifaire sociale et l’existence de nombreux parkings-relais pour permettre aux résidents des zones périphériques de prendre les transports en commun quand ils rejoignent le centre. Mais il faut encore réduire la capacité de stationnement dans le centre-ville et dans les zones d’activité afin de favoriser l’usage des transports collectifs" estime toutefois l’association nantaise Déplacements Environnement (ANDE).
Aucun engagement à une sortie du tout-voiture à Marseille
En bas du tableau, Marseille écope de la plus mauvaise note, suivie de Nice et Montpellier. "Marseille et Nice font figure de lanterne rouge et n’en sont même pas au stade de l’engagement sur une sortie du tout-voiture", se désolent Greenpeace et le RAC (Réseau Action Climat). "À Marseille, l’offre de stationnement pour les voitures est pléthorique, le stationnement payant quasi inexistant ou très peu onéreux, tandis que le stationnement sauvage est très largement toléré" dénonce de son côté le collectif Vélos en ville. La ville fait pourtant partie des plus polluées de France.
"Les municipalités et les métropoles ont aujourd’hui le pouvoir et le devoir d’engager la transition vers une mobilité durable et équitable sur leur territoire. A l’approche des élections municipales de 2020, les responsables de nos villes seront aussi jugés sur leurs actions pour protéger la santé de leurs habitants et le climat", explique Sarah Fayolle, chargée de campagne Climat – Transports pour Greenpeace France.
La France, qui finalise son projet de loi d’orientation de la mobilité, vient par ailleurs d’être renvoyée, par la Commission européenne, devant la Cour de justice européenne pour des dépassements répétés des normes de qualité de l’air dans un certain nombre de ses agglomérations, et ce après de nombreux avertissements.
Concepcion Alvarez, @conce1
(1) Voir l'étude de Greenpeace ici.