Publié le 19 janvier 2021
ÉNERGIE
Faillite d'Eurostar : la fin d’un symbole européen, marqueur de la transition écologique
En plein Brexit, l'Eurostar, symbole de la forte relation franco-britannique, pourrait bientôt faire faillite. Son PDG tire la sonnette d'alarme et prévoit une cessation de paiement au deuxième trimestre. La SNCF dont la compagnie mythique est une filiale, appelle le gouvernement français à l'aider comme elle a aidé les compagnies aériennes. Reste au Royaume-Uni et à la France de se mettre d'accord pour ne pas perdre cette institution devenue un marqueur de la transition écologique.

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L’Eurostar est une institution pour Paris et Londres. Mais ce symbole est en danger. La compagnie transmanche, mise à mal par la pandémie de Covid-19 prévient qu’elle pourrait se retrouver en cessation de paiement à la fin du printemps. "La catastrophe est possible", a déclaré à l'AFP lundi 18 janvier le directeur général d'Eurostar, Jacques Damas. Une cessation de paiement, "quand on aura brûlé tout notre cash", est possible "quelque part dans le deuxième trimestre, plutôt dans la deuxième moitié du deuxième trimestre", a calculé Jacques Damas. "Mais si jamais la crise était encore plus dure, ça pourrait même arriver un peu plus tôt."
Depuis le début de l'année, Covid oblige, la compagnie transmanche ne fait plus circuler qu'un aller-retour Londres-Paris et un Londres-Bruxelles-Amsterdam par jour, qui sont vides à 80%. Pour éviter la faillite, Jean-Pierre Farandou, le PDG de la SNCF, qui détient 55% d’Eurostar, a exhorté sur France Inter le gouvernement français à "aider cette filiale, comme on a aidé les compagnies aériennes". Il a demandé d’avoir accès aux mêmes prêts garantis et voudrait une réduction temporaire sur les péages acquittés pour faire circuler ses trains.
Aider Eurostar comme les compagnies aériennes
"C'est une entreprise française en Angleterre, donc elle n'est pas aidée par les Anglais, et elle n'est pas aidée par les Français parce qu'elle est en Angleterre", déplorait plus tôt le PDG de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet. Face à cette situation, le 18 janvier sur RTL, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a assuré que l'État français soutiendrait la compagnie transmanche, au même titre qu'il a soutenu la SNCF et Air France ces derniers mois. Mais du côté de Londres, en plein Brexit, la réaction est plus mitigée.
Des dirigeants d'entreprises ont ainsi appelé le gouvernement britannique à participer à un sauvetage d'Eurostar. La compagnie a besoin "d'une action rapide pour sauvegarder son avenir", a déclaré l'organisation patronale London First dans une lettre envoyée au ministre britannique des Finances Rishi Sunak et au secrétaire d'État aux Transports Grant Shapps. Le ministère britannique des Transports a prudemment affirmé que le gouvernement "échange énormément et régulièrement avec Eurostar depuis le début de l'épidémie". "Nous continuerons de travailler avec eux alors que nous aidons à un redémarrage sûr et une reprise des voyages internationaux", selon un porte-parole.
"Le moyen le plus écologique de relier l'Angleterre au Continent"
Si le Royaume-Uni est plus frileux c’est qu’il ne détient qu’une petite part d’Eurostar. Sur les 45 % non détenus par la SNCF, seuls 10 % appartiennent à Hermes Infrascture, un fonds britannique. Mais l’Eurostar est un symbole et si le Royaume-Uni l’abandonne, le retour de bâton pourrait être compliqué à assumer, marquant un peu plus son isolement du continent. D’autant qu’un autre facteur est à prendre en compte : l’enjeu environnemental.
En France et en Europe en général, le train connaît un regain d’intérêt face au secteur aérien car moins polluant. Or, depuis son lancement en 1994, comme le rappelle LCI, Eurostar a divisé par deux le nombre de vols entre Paris et Londres. "Le business Eurostar est fondamentalement sain et la voie ferrée sera toujours le moyen le plus écologique pour relier l’Angleterre au Continent", a plaidé le PDG de la société, Jacques Damas.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP