Publié le 14 mai 2022
ÉNERGIE
Alternative écologique à l'avion, le transport en voilier connait une renaissance en France avec Sailcoop
C'est un retour au temps long qui attire de plus en plus de voyageurs. Et la coopérative Sailcoop, qui veut faire des voiliers une alternative durable à l'avion, ne s'y trompe pas. Depuis le 6 mai, elle met le cap sur la Corse depuis Toulon. En quelques jours, son carnet de réservation s'est rempli à une vitesse folle, signe d'un engouement pour des mobilités plus sobres.

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"On ne pourra pas garantir les dauphins à chaque fois mais pour cette première rotation nous avons pu les observer à plusieurs reprises". Le 6 mai dernier, au départ de Toulon s’est élancé Belle aventure, le premier voilier de la coopérative Sailcoop. Cap sur Calvi, en Corse. A son bord, Maxime de Rostolan, un des cofondateurs de cette société qui ambitionne de bâtir un réseau de transport de passagers grâce à une flottille de voiliers, et le skipper Arthur le Vaillant.
"Nous avons, navigatrice, navigateurs, un rôle à jouer. Comment faisons-nous pour redonner un second souffle au transport à la voile ? Nous devons mettre notre savoir faire au service du bien commun, raconter que la sobriété n’est pas un gros mot, progresser ensemble et transmettre ce savoir-faire ancestral !", plaide le rochelais Arthur le Vaillant qui se prépare pour la Route du Rhum. Et l’engouement est là. "En deux semaines, nous avons quasiment bouclé la saison Corse de notre premier bateau", se réjouit Maxime de Rostolan sur Facebook. Tous les départs vers l'île de Beauté de mai à octobre affichent ainsi complets.
La voile "contribue à un mix plus vertueux"
Jusqu’à l'automne, la coopérative espère effectuer des liaisons une à trois fois par semaine entre le continent et la Corse, en fonction du vent. Puis, direction les Antilles pour assurer des navettes entre la Martinique et la Guadeloupe avant de revenir en transatlantique pour le mois de mars. L’enjeu est de taille pour la coopérative qui se veut une alternative à l’avion alors que le secteur du tourisme est régulièrement pointé du doigt pour la pollution qu’il génère. "C’est la même logique que le mix énergétique. Les énergies renouvelables ne vont pas représenter 100 % du mix mais elles pèsent de plus en plus. La voile ne va pas remplacer tout le transport de passagers mais il va contribuer à un mix plus vertueux", explique Maxime Blondeau, un des cofondateurs.
Comptez 180 euros et 24 heures pour atteindre la Corse. Une ode au temps long qui séduit de plus en plus, à l’instar du youtubeur Benjamin Martine, alias Tolt. Après avoir atterri en Arménie, au Brésil, au Canada, au Liban, l’influenceur prend une décision de taille en 2019 : arrêter l’avion. "Au bout d’un moment je me suis dit que j’étais dans le déni, je ne pouvais pas continuer à prendre l’avion tout en connaissant l’urgence climatique actuelle", explique-t-il.
"Tu reconsidères ton rapport au temps"
Fini les voyages à l’autre bout du monde, Tolt parcourt désormais l’Europe mais surtout la France où il filme l’Aveyron, le Berry, le Lot ou encore la Meuse. Le youtubeur qui se définit désormais comme "spécialisé dans le voyage bas carbone" tente de trouver des solutions pour se déplacer en polluant le moins possible. Il a ainsi lui-même testé la traversée en voilier vers la Corse qu’il raconte dans une vidéo. "C’est une approche différente, tu reconsidères ton rapport au temps. Tu pars la nuit sous un ciel étoilé et tu te réveilles perdu au milieu de la mer Méditerranée, c’est incroyable", raconte-t-il.
Et les touristes ne sont pas les seuls à se tourner vers ce mode de transport écologique. De plus en plus d’entreprises embarquent leurs cargaisons sur des voiliers, à l’instar de la société Belco qui s’est fait livrer 22 tonnes de café via le voilier Avontuur, le plus gros chargement transporté en voilier de l’histoire moderne, assure l’entreprise.
Marina Fabre Soundron @fabre_marina