Publié le 14 octobre 2022
ÉNERGIE
Le secteur ferroviaire s'organise pour rendre le train plus écologique et accessible
Le train est la star de la mobilité écologique. Pourtant, le secteur ferroviaire français doit faire face à plusieurs défis, notamment le vieillissement du réseau. Pour y faire face, l'association Care accompagne des PME sous-traitantes d'Alstom pour qu'elles gagnent en efficacité. À terme, la qualité du service pour les voyageurs et une réduction du prix des billets sont attendus. L'association veut également soutenir des innovations qui renforcent les aspects écologiques de ce mode de transport.

@AFP / Sebastien Bozon
C'est une bonne nouvelle sociale et écologique. Alors que le ministre des Transports Clément Beaune a affirmé, à l'été 2022, dans le Journal Du Dimanche que "notre réseau a été négligé ces 30 dernières années", la filière ferroviaire française s'organise pour être "au rendez-vous de 2030-2040", comme l'indique Jean-Pierre Audoux, l'ancien directeur de la Fédération des Industries Ferroviaires. Il préside l'association Care (acronyme de "Compétitivité, Accompagnement, Rail, Emploi"), qui a sélectionné six nouvelles entreprises autour de Lyon pour un accompagnement individuel de 18 mois financé par les cotisations des entreprises participantes, la région Auvergne-Rhône-Alpes, et Bpifrance.
L'objectif du dispositif consiste à renforcer l'attractivité du rail par rapport à d'autres modes de transport. Pour rappel, le TGV électrique émet 1,2 gramme eqCO2 par kilomètre et par voyageur, contre 117 grammes eqCO2 pour l'avion sur des vols courts, selon une étude du Shift Project. En plus de "pérenniser des emplois" par une amélioration de la compétitivité de la filière française, la démarche vise à "renforcer les atouts écologiques" d'un mode de transport plébiscité pour ses faibles émissions de carbone. Les bénéficiaires de Care sont des PME sous-traitantes d'Alstom, constructeur français de trains, trams et métros et numéro deux mondial du secteur.
Les exigences augmentent
Une réduction des coûts et des retards est attendue sur l'ensemble de la chaîne de fabrication des infrastructures du rail et du matériel roulant. L'originalité de la démarche est de confier l'accompagnement pour chaque "grappe" régionale d'innovation à un expert indépendant d'Alstom. Il pourra échanger sans tabou avec un groupe de six PME. Les résultats de la première "grappe" dans les Hauts-de-France sont encourageants. Selon Care, le travail a abouti à une réduction d'un tiers des non-conformités et de 60% des retards.
Si la filière s'active, c'est que les exigences augmentent pour que le train reste un mode de transport attractif. Le ferroviaire français a plusieurs défis à relever. D'abord parce qu'"il y a peu de grosses PME et ETI, contrairement à l'Allemagne", explique Jean-Pierre Audoux. En raison de leur petite taille, les fournisseurs français peuvent avoir des difficultés à se spécialiser et à interagir avec leurs grands donneurs d'ordre, la SNCF et Alstom. Mais aussi parce que, selon Jean-Pierre Audoux, "le réseau est âgé. On a stoppé son vieillissement, mais on ne le rajeunit plus".
Des activités très diverses sont concernées. Les entreprises sélectionnées en Auvergne-Rhône-Alpes sont spécialisées en électronique (Centum T&S), éclairage et signalisation (CMS Industries), mécanique (Duchêne), tôlerie (Poncin Métal), décors adhésifs (SIP) et en infrastructures traditionnelles et digitales pour les voies (Vaperail).
"Une démarche environnementale claire"
"Nous avons une démarche environnementale claire", affirme Jean-Pierre Audoux. À terme, l'association Care veut privilégier des projets innovants avec des "modes de traction plus écologiques, comme le train à batterie ou à hydrogène vert." Il faudra aussi, selon Jean-Pierre Audoux, développer "le réseau 4.0", un ensemble de technologies intelligentes pouvant donner des informations en temps réel comme l'état des fixations des rails et de l'isolement des câbles électriques. À la clé, des opérations de maintenance facilitées, moins de perturbations sur les trajets et un réseau "plus économe et moins polluant".
"C'est un changement culturel", estime Jean-Pierre Audoux. Pour réussir cette transformation de la filière, la dynamique collective doit en effet prendre le contre-pied des logiques habituelles de concurrence. C'est le succès du programme Space, ayant accompagné plus de 700 entreprises du secteur de l'aéronautique, qui a inspiré la démarche. L'objectif de Care est d'accompagner une centaine d'entreprises en cinq ans.