Publié le 29 décembre 2022

ÉNERGIE

Bus, métros, RER... Les difficultés s'accumulent sur le réseau de transport francilien, freinant la décarbonation de la mobilité

Alors que les transports en commun sont la clé de la décarbonation, le réseau francilien est au bord du chaos. Attentes interminables, foule qui se presse aux portes, rames bondées... Le service, réduit pendant la pandémie de Covid-19, n'a pas repris à 100%. Pourtant, les besoins augmentent chaque année. La hausse des prix au 1er janvier 2023 ne fait qu'accentuer la colère des usagers.  

Galere transports franciliens
Quai bondé en attendant le bus lors de la grève du 10 novembre. La situation reste compliquée au quotidien.
@Bertrand Guay / AFP

Les transports franciliens sont au bord de l'implosion. Plus d'une heure d'attente dans certains bus, rames et couloirs des métros bondés, incidents à répétition... La galère a empiré "depuis l'été" selon Michel Babut, vice-président de l'association des usagers des transports d'Île-de-France. Par exemple, la ligne de métro 12 a totalisé plus de 44 heures de perturbations la semaine du 12 décembre selon le compte indépendant @RATPQualite devenu @METROQualite. Pour couronner le tout, l'augmentation de 12% des tarifs en 2023, justifiée par l'inflation et la hausse des prix de l'énergie, renforce la colère des usagers.

Face à cela, 50 maires ont signé la pétition "Stop Galère" demandant le gel des tarifs et le retour à 100% du service, réduit pendant les confinements. C'est une "exigence sociale et climatique", clament-ils. Les transports en commun, essentiels à des millions de personnes à Paris et dans les banlieues, portent aussi la transition écologique. Une alternative à l'usage de la voiture particulière dont les émissions de gaz à effet de serre sont considérables, 16% du total des émissions de la France en 2019 et près de la moitié du secteur des transports, selon le ministère de la transition écologique.

Des économies réalisées en réduisant le service

Tout d'abord, la gestion à court terme par Île-de-France Mobilités est critiquée. L'offre est restée allégée sur certaines lignes même après le Covid-19 afin de réaliser des économies. À présent, Valérie Pécresse, la présidente de la Région, en charge des transports en commun, demande le retour à 100% du service. Mais "la RATP n'est pas en mesure de rétablir le service, essentiellement par manque d'effectifs", affirme Michel Babut. "Des conducteurs de métro devraient être recrutés d'ici fin décembre mais, pour le bus, les recrutements nécessaires ne seront pas terminés avant le printemps", poursuit-il. Les chauffeurs de bus ne se pressent pas aux portes à cause des conditions de travail difficiles et d'une rémunération insuffisante, une désaffection observée dans toute la France.

Au chaos de cette reprise post-Covid, s'ajoutent des problèmes de fond qui touchent autant les bus que les RER, les métros ou encore les tramways. D'une part, les grèves se multiplient. Cette "ambiance morose", renforcée par "la mise en concurrence des bus RATP en 2025 qui remet en cause les statuts des salariés" pèse sur le quotidien, selon Michel Babut. "L'absentéisme est à un niveau jamais atteint", explique-t-il. D'autre part, le matériel a vieilli, perdant en fiabilité.

Un besoin croissant pour les transports en commun

Ainsi, le réseau bien que vaste n'est plus suffisant pour répondre à l'augmentation des besoins. Les déplacements ont augmenté de 34% au sein de Paris entre 2001 et 2018, tous modes confondus, selon l'Apur (Atelier parisien d'urbanisme). Les déplacements en voiture ont légèrement baissé tandis que la marche, le vélo et l'usage des transports en commun ont augmenté, "en lien avec l'augmentation de l'offre et l'extension du territoire desservi", précise l'Apur.

Île-de-France Mobilités a bien réalisé des investissements pour agrandir le réseau dans le cadre de la stratégie du Grand Paris et en prévision des Jeux Olympiques en 2024. Mais les coûts engagés, déjà faramineux, ne laissent plus de marge de manœuvre pour lancer de nouveaux investissements ou pour répondre aux attentes des salariés.

La dette d'Île-de-France Mobilités avoisine ainsi les 6 milliards d'euros. Reste à trouver de nouveaux financements. Les coûts de fonctionnement, à hauteur de 9,8 milliards d'euros en 2018, sont financés en majorité par les employeurs via leurs versements mobilités et remboursements des abonnements, à 27% par les voyageurs, et à 18% par les collectivités, selon Île de France Mobilités. Le ministre des transports Clément Beaune a annoncé pour 2023 "une conférence avec l'État, la région, les collectivités locales et les usagers pour organiser les transports et leur financement sur plusieurs années".

Fanny Breuneval @breuneval_fanny


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