Publié le 01 août 2022
ÉNERGIE
Autriche, Allemagne… les "tickets climat" pour le train inventent la mobilité du futur
Et si on voyageait sans entrave, avec un seul ticket, du métro au TGV, de Paris à Mulhouse en passant par Marseille ? C’est l’idée du Klimaticket, lancé en Autriche, qui propose pour 3 euros par jour, un ticket illimité pour l’ensemble des transports en commun privés et public dans tout le pays. Un engouement qui a poussé l’Allemagne à tester un dispositif assez similaire cet été pour 9 euros mensuels. Reste à savoir si les infrastructures suivront la dynamique. Toute la semaine, Novethic explore les chemins vers un tourisme plus durable.

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"Bienvenue dans la mobilité du futur". Avec son ticket climat illimité à 3 euros par jour, l’Autriche se targue de révolutionner nos manières de voyager. Il faut dire que le "Klimaticket" fait rêver. Imaginez prendre un train depuis Paris jusqu’à Nantes, Bordeaux, Marseille, Strasbourg, du métro au TGV, avec un seul ticket ? C’est l’idée de ce ticket qui permet d’utiliser l’ensemble des transports en commun privé et public autrichien pour 24 euros par semaine, soit 1095 euros l’année. Des réductions de 300 euros sont prévus pour les jeunes et les séniors.
"Le KlimaTicket Ö est plus qu’un simple ticket pour tous les transports publics. C’est aussi le ticket avec lequel nous visons à atteindre ensemble les objectifs climatiques de l’Accord de Paris. Les transports publics sont l’alternative écologique aux transports individuels motorisés", notent les concepteurs du ticket. "Plus vous participez, mieux c’est pour le climat". Cette décision, poussée par les Verts, a fait l’objet d’intenses tractations au sein du gouvernement. "C’est un grand jour pour le climat et les transports", a ainsi réagi la ministre de l’Action pour le climat et l’environnement, Leonore Gewessler.
Un véritable engouement
Dans un pays où les transports publics sont déjà populaires et le réseau ferroviaire particulièrement développé, le ticket climat est déjà un succès avec plus de 130 000 tickets vendus quelques mois seulement après son lancement en octobre. Les promoteurs proposent même, qu’à partir du 1er juillet, tout abonné puisse recevoir en cadeau un mois supplémentaire.
En Allemagne aussi, l’idée a fait son chemin. Au pays de la voiture reine, la coalition d’Olaf Scholz teste un ticket mensuel à 9 euros en juin, juillet et août. Au-delà de l’ambition climatique, l’objectif est aussi de soulager les consommateurs face à l’inflation et l’envolée des prix de l’énergie alors que l’Allemagne pourrait entrer dans une phase de rationnement en raison de sa dépendance au gaz russe. "ll y a deux choses dont vous avez besoin avant de vous lancer dans une initiative comme celle-ci : la densité du réseau et la fréquence du service", tempère cependant sur CNN Keith Barrow, rédacteur en chef du magazine britannique Today's Railways Europe.
"Des retards structurels à grande échelle"
Comme en Autriche, cette mesure a suscité un vrai engouement. Début juin, plus de 6,5 millions de forfaits ont été vendus, selon la Deutsche Bahn. Le réseau ferroviaire a même frôlé la saturation durant les congés de Pentecôte. De nombreux usagers voyageant avec leur vélo n’ont pu accéder aux trains et les places assises étaient rares. D’où l’inquiétude de certains experts : "la Deutsche Bahn n’a pas investi dans le réseau ferré depuis une trentaine d’années, ce qui vaut des retards structurels à grande échelle", écrit sur Facebook Alain Jund, Vice-président de l’Eurometropole de Strasbourg en charge des mobilités. "Si cet abonnement à 9 euros est une réelle plus-value pour le pouvoir d’achat, il ne va certainement pas amener des automobilistes à fréquenter le train", estime-t-il. Dans trois mois, les premières conclusions de l’expérimentations seront publiées.
En attendant, en France, plusieurs ONG environnementales poussent à déployer ce même dispositif. Dans une tribune publiée dans La Croix, Neil Makaroff du Réseau action climat, propose de lancer un ticket climat à 3 euros par jour permettant aux Français d’emprunter tous les transports en commun. "Les inexorables vieilles recettes, comme un énième chèque pour aider les Français à payer leur consommation de carburant ou encore une aide à l’achat d’un nouveau véhicule, trop souvent encore à essence, ne suffisent plus pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et garantir à tous la possibilité de se déplacer", écrit-il. Reste à savoir s’il sera entendu par le nouveau ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, qui a longtemps dénoncé le sous-investissement dans le rail en tant que Président du conseil d’administration de l’Agence de financement des infrastructures de transports de France (AFITF).
Marina Fabre Soundron @fabre_marina