Publié le 21 décembre 2020
ÉNERGIE
2020, l’année où tout a changé dans l’industrie automobile
Tesla a dépassé cette année les 500 milliards de dollars de valorisation boursière, plus du double de la valorisation de Toyota. Ce signal marque la transformation nécessaire du modèle de l’industrie automobile, qui, poussé par les réglementations sur les émissions des voitures, doit passer progressivement du moteur thermique à l’électrique. Et les constructeurs traditionnels commencent à s’aligner avec des plans de dizaines de milliards de dollars.

@VW
Les ventes de voitures électriques sont longtemps demeurées une petite niche, toisée de haut par la plupart des grands constructeurs. Tesla, depuis ses premières ventes en 2008, a commencé à faire bouger les lignes, en écoulant de plus en plus de véhicules électriques haut de gamme. Mais en 2020, le constructeur californien a renversé la table !
Ce n’est pas par ses volumes de ventes que Tesla s’est distingué, mais par sa performance financière. Le constructeur atypique reprend en cela les codes des entreprises de la tech, qui affichent des produits disruptifs, une croissance record et un profil attractif pour les investisseurs. Le cours de Bourse de Tesla n’a ainsi cessé de monter en flèche cette année, sa valorisation ayant dépassé les 500 milliards de dollars en novembre, faisant d’Elon Musk le deuxième homme le plus riche du monde derrière le patron d’Amazon. Selon un article des Échos, en Chine, d’autres constructeurs purement électriques commencent également à se démarquer, tels Nio, XPeng et Li Auto. Tous ont des valorisations boursières dépassant les 25 milliards de dollars, bien plus que Peugeot ou Renault.
Les constructeurs traditionnels ne se battent pas sur le même plan. Leur outil industriel, aux dizaines d’usines réparties aux quatre coins de la planète, a besoin avant tout de gros volumes de production pour être rentable. Volkswagen, Toyota et l’Alliance Renault-Nissan, trio de tête de l’industrie automobile mondiale, frisent ainsi les 11 millions de véhicules produits par an. Avec près de 200 milliards de dollars pour Toyota, autour de 90 milliards de dollars pour VW ou près de 13 milliards pour Renault, leur capitalisation boursière, en revanche, est loin de celle du "petit" constructeur américain…
Changement de paradigme
L’avènement de la voiture électrique, poussée en grande partie par des réglementations plus strictes sur les émissions des véhicules, semble déclencher un changement de paradigme profond pour l’industrie automobile. Les constructeurs sont obligés de revoir leurs modèles pour électrifier leurs gammes. Volkswagen et Mercedes ont annoncé qu’ils ambitionnaient de vendre 100 % de voitures électriques. Ils ont présenté ces dernières semaines des budgets R&D records pour développer cette technologie, avec un plan d’investissement de 70 milliards d’euros d’ici 2025 côté Daimler et de 73 milliards d’euros sur la même période côté Volkswagen.
La spectaculaire montée en puissance de Tesla porte désormais le terrain de jeu de l’industrie automobile sur deux sujets. La digitalisation des voitures d’une part, qui doivent disposer de leur propre système d’exploitation. Et la production de batteries toujours plus performantes, la batterie représentant une part importante du coût d’un véhicule électrique. Tesla détient ses propres capacités de production, ce qui lui permet d’annoncer son intention de diviser par deux le coût des batteries.
En Europe, les constructeurs s’associent aux États pour créer des usines. La European Battery Alliance réunit sept États membres (dont la France et l’Allemagne) et 17 industriels, avec plus de 8 milliards d’euros d’investissement. En 2020, le groupe PSA et Total ont créé Automotive Cells Company, une société commune qui développera et produira des batteries, avec un premier site pilote près d’Angoulême.
Arnaud Dumas, @ADumas5