Publié le 06 novembre 2018
ÉNERGIE
"Le changement climatique est une opportunité de faire évoluer les marchés de l'énergie", Patrick Pouyanné, PDG de Total
Invité de marque du Positive Investors Forum qui se tient ce mardi 6 novembre à Paris, Patrick Pouyanné a rappelé le cap pris par le groupe pétrolier pour faire face à la transition énergétique. La part du pétrole ne devrait plus augmenter, tandis que celles du gaz et des énergies renouvelables vont considérablement s'accroître. Ce scénario porte Total à un réchauffement compris entre 2 et 2,5°C, au-dessus de l'objectif de l'Accord de Paris.

@ErezLichtfeld
"Le changement climatique est un sujet essentiel pour nous" a d'office tenu à rappeler Patrick Pouyanné, invité au Positive Investors Forum organisé par Novethic ce mardi 6 novembre. "Nous ne le voyons pas comme une menace mais plutôt comme un champ d'opportunités qui fait évoluer les marchés de l'énergie. C'est donc un véritable driver."
Le PDG de Total rappelle les enjeux à venir pour le groupe en se basant sur les différents scénarios 2°C. "Nous allons devoir faire de gigantesques efforts en termes d'efficacité énergétique car en 2040 nous devrons consommer autant qu'aujourd'hui alors que nous serons 3 milliards de plus. Il va aussi falloir réduire la part du charbon, ce que nous avons déjà entamé, et dans le même te temps augmenter la part du gaz naturel et des énergies renouvelables. Quant au pétrole, sa part va stagner, voire décliner. Et nous n'irons pas par exemple aller en chercher en Arctique où il coûte trop cher."
Vers un réchauffement de 2 à 2,5°C
Total a mis en place un indicateur pour mesurer l'intensité énergétique des produits qu'il vend, et s'engage à la réduire de 1% par an, pour atteindre – 15% en 2030 et – 25% en 2040. "Cela nous mène à un réchauffement compris entre 2 et 2,5°C" estime Patrick Pouyanné, encore loin de l'objectif pris par l'Accord de Paris. "Pour opérer cette transition, nous allons introduire une partie d'électricité dans notre mix et transformer nos métiers traditionnels en faisant de la biomasse (biocarburants, biogaz) et en investissant dans des puits de carbone forestiers".
Dans cette démarche, le groupe est interpellé et accompagné par ses investisseurs responsables. "Le dialogue avec les investisseurs responsables est profitable à notre groupe. Cette année le conseil d'administration de Total a passé une heure sur la façon dont nous répondons aux questions ESG (environnement, social et de gouvernance), explique ainsi le PDG de la major.
"Les demandes me sont remontées et c'est grâce à ce dialogue constructif que nous faisons davantage preuve de transparence sur nos filiales par exemple ou sur nos permis en zone Arctique. Nous ne sommes pas un monde fermé, nous vivons en interaction avec notre environnement" assure Patrick Pouyannė.
Pas prêt à abandonner son business saoudien
Outre l'aspect climatique, les investisseurs responsables sont également vigilants au respect des droits humains. Après la polémique autour de l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, de nombreuses entreprises ont décidé de boycotter le Forum économique mondial organisé par l'Arabie saoudite.
"Je comprends la position des gouvernements et je respecte les opinions de chacun mais en tant que puissance économique, je ne suis pas pour le boycott. Ce n'est pas mon job, je ne suis pas une entité politique et je ne suis pas prêt à abandonner mon business saoudien" réagit Patrick Pouyanné.
Le PDG rappelle que le respect des droits de l'Homme est ancré dans le code de conduite de l'entreprise. "Nous n'opérons pas dans un pays s'il ne respecte pas les valeurs de notre groupe, explique-t-il. Nous travaillons au mieux dans chacun des pays à condition que nous puissions respecter notre code de conduite. Je crois beaucoup au dialogue et à la fidélité auprès de nos partenaires, bien plus qu'au boycott".
Concepcion Alvarez, @conce1