Le groupe a en effet indiqué qu’il cède sa participation de 49% dans le champ de gaz de Termokarstovoye en Russie à son partenaire Novatek. Il assure que l’accord a été conclu le 18 juillet et a été validé jeudi par les autorités russes, "ce qui a permis à TotalEnergies et à Novatek de signer ce 26 août 2022 l’accord définitif de vente de la participation de 49% dans Terneftegaz", souligne le groupe tricolore.
Selon l’énergéticien il n’y aurait donc pas de lien avec les révélations du Monde. Une enquête du quotidien, basée sur plusieurs documents et une enquête de l’ONG Global Witness, révèle que ce champ gazier russe de Termokarstovoïe (exploité par l’entreprise Terneftegaz) a fourni du condensat de gaz à une raffinerie qui a ensuite été transformé en carburant. Puis ce combustible a été utilisé pour alimenter des avions russes engagés dans le conflit en Ukraine, indique Le Monde.
Le partenaire de TotalEnergies interrogé
TotalEnergies a démenti ces informations à plusieurs reprises. "Non, TotalEnergies ne produit pas de kérosène pour l’armée russe", martèle le groupe français qui se réserve la possibilité de "mener une action juridique". Le géant pétrolier français dit avoir demandé des précisions à son partenaire Novatek "sur le devenir des condensats de gaz produits par le champ de Termokarstovoïe en Russie". Selon les éléments de réponse apportés par Novatek, "tous les condensats instables produits par nos filiales et sociétés liées à Novatek, y compris Terneftegas sont traités dans notre usine de stabilisation de condensats de Purovsky", précise TotalEnergies.
La totalité des "produits dont du kérosène sont exclusivement exporté hors de Russie", ajoute Novatek, cité par TotalEnergies. "En conséquence, il est clair que les allégations de certains médias et les appels à enquêter sur les activités de TotalEnergies dans nos sociétés conjointes n’ont absolument aucune base factuelle", dit encore Novatek.
Un "sujet extrêmement sérieux"
Depuis le début du conflit, le rôle de TotalEnergies est sous haute surveillance. Le géant pétrolier a rapidement été encouragé par le gouvernement à suspendre ses activités en Russie mais le groupe français avait tardé à faire des annonces, contrairement à ses concurrents. Sous le feu des critiques, la major avait fini par prendre des mesures comme celle de cesser d’acheter du pétrole et des produits pétroliers à la Russie, sans toutefois se retirer du gaz.
Si pour certaines entreprises qui proposent des biens et services essentiels aux populations locales, comme Danone ou Veolia, le retrait de Russie n’est pas une évidence, ce n’est pas le cas de TotalEnergies. "Une entreprise ne peut pas avoir d’activité dans un pays qui viole le droit international sinon elle fait un choix politique qui l’expose", affirme Patrick D’Humière, enseignant à CentraleSupélec. "Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du développement durable", ordonne en effet l’Objectifs de Développement Durable n°16 que TotalEnergies s’est engagé à respecter.
Mathilde Golla @Mathgolla