La crise climatique, premier risque mondial selon Axa, sur fond de “fragmentation sociale”

La crise climatique constitue le plus grand risque pour l’économie mondiale aujourd’hui. Ce ne sont pas des militants écologistes qui l’affirment, mais bien le géant mondial de l’assurance Axa. Dans son rapport “Future risk report”, publié le 13 octobre, la compagnie d’assurance a interrogé près de 3600 experts de la gestion des risques et des services financiers dans 57 pays à travers le monde, afin de mieux comprendre les grandes tendances qui pourraient fragiliser les systèmes économiques et sociaux internationaux.

Résultat ? 66% de ces experts placent la crise climatique en tête des risques systémiques mondiaux, devant l’instabilité géopolitique et les risques de cybersécurité ou liés à l’IA. Une alerte qui résonne, à quelques semaines de la COP30 sur le climat, qui doit se tenir au Brésil à Belém, mais qui peine à susciter l’engouement des dirigeants politiques et économiques mondiaux.

La crise climatique, un multiplicateur de risques

Cette étude rappelle que les risques climatiques fragilisent déjà les économies et les sociétés mondiales, “avec des conséquences dévastatrices sur les infrastructures, l’approvisionnement alimentaire, la santé humaine et la stabilité géopolitique”. Les exemples ne manquent pas : en 2024, à Valence ou en Europe centrale, ce sont les inondations aggravées par la crise climatique qui ont mis à mal pendant des semaines les infrastructures. Aux Etats-Unis, la multiplication des ouragans et des catastrophes naturelles a également fragilisé de nombreuses industries. Quant à l’agriculture, elle subit un peu partout les effets d’une crise climatique qui diminue ses rendements et oblige les producteurs à repenser leurs modèles.

La crise climatique est également un “multiplicateur de risques”, comme le rappelle Ulrike Decoene, directrice du développement durable chez Axa. Car derrière le changement climatique, qui “accroît la fréquence et la sévérité des catastrophes naturelles telles que les ouragans, feux de forêt, inondations et sécheresses”, ce sont aussi les écosystèmes et la biodiversité qui se dégradent. Et avec eux, les ressources nécessaires à de nombreuses industries et à la stabilité sociale. “La disparition de ces ressources peut entraîner des crises alimentaires, des inégalités sociales, des migrations de masse et des tensions géopolitiques”, explique l’experte.

La transition climatique en retard, sur fond de fragmentation sociale

Face à ces risques croissants, la transition climatique est pourtant plus que jamais en retard. 12% seulement des experts estiment que les pouvoirs publics sont bien préparés à l’émergence du risque climatique, soit un recul de deux points par rapport à l’an dernier, un résultat qui est le plus faible depuis le début de l’étude il y a plus de 10 ans. Un constat partagé par Ioana Dima-West, directrice des sciences et des risques naturels chez Axa XL, qui se dit “préoccupée par la lenteur à laquelle la société répond au changement climatique et par le manque d’investissements dans l’adaptation”.

Ce retard dans la transition est à mettre en perspective avec la fragmentation de plus en plus forte des sociétés mondiales, pointée par les experts des risques. 74% des experts considèrent ainsi que les sociétés mondiales sont traversées par “un clivage profond et inquiétant”, provoqué notamment par “les inégalités économiques et sociales croissantes”. Cette fragmentation sociale a contribué ces dernières années à faire de la transition écologique un objet de profondes divisions idéologiques, sur fond de désinformation écologique et climatique, au point que l’on parle désormais de backlash. Un constat qui rappelle que la transition climatique et écologique devra être juste et inclusive, et est plus urgente que jamais.